Par , publié le 22 mai 2024

Ne les appelez plus des “PC IA”, mais des PC Copilot+. Lundi, en ouverture de sa conférence Build, Microsoft a levé le voile sur ce nouveau label attribué à certains ordinateurs Windows, qui intègrent une quarantaine de modèles d’intelligence artificielle générative. Et qui ouvrent ainsi la voie à de nouvelles fonctionnalités au niveau du système d’exploitation, et plus seulement au niveau des applications. Autre avancée: ces AI peuvent tourner localement, c’est-à-dire sans aller chercher de la puissance de calcul sur une plateforme de cloud. Une évolution cruciale qui doit permettre de bâtir des applications fonctionnant hors connexion, et surtout ne générant plus de coûts d’inférence, dont la facture peut rapidement grimper. Les premiers appareils seront lancés en juin. Toutes les grandes marques ont répondu présentes.

Relancer les ventes – L’IA représente potentiellement une innovation majeure sur un secteur qui en manque cruellement. Les fabricants d’ordinateurs, comme ceux de smartphones, comptent donc énormément sur ces nouvelles machines pour accélérer le rebond des ventes, après deux années de chute brutale. Et aussi pour augmenter le prix de vente moyen de 10 à 15%, selon les prédictions du cabinet Canalys. Microsoft estime que 50 millions de PC Copilot+ devraient être vendus au cours des douze premiers mois, soit environ 20% du marché. Ces ordinateurs représenteront plus de la moitié des achats dès 2026, anticipe Canalys. L’adoption devrait d’abord être tirée par les entreprises, d’autant plus que beaucoup d’entre elles commencent à remplacer les appareils achetés pendant la pandémie, et doivent anticiper la fin du support de Windows 10.

Historique géant – Au-delà du buzz généré par l’IA générative depuis le lancement de ChatGPT fin 2022, Microsoft va devoir démontrer l’intérêt de ces nouveaux PC pour les utilisateurs. Le groupe de Redmond mise notamment sur une nouvelle fonctionnalité, baptisée Recall, qui ressemble à un historique géant de tout ce qui a été vu ou fait, permettant de retrouver facilement des informations. Il met aussi en avant une option de sous-titrage et de traduction automatique vers l’anglais, par exemple de vidéos YouTube. Et il impose aux fabricants une touche dédiée permettant de lancer son assistant d’IA Copilot. Microsoft revendique par ailleurs le soutien de développeurs importants, en particulier Adobe, ce qui permettra d’utiliser les fonctionnalités d’IA de ses logiciels de retouche photo sans être connecté à Internet.

Architecture ARM – Pour faire tourner ces services d’IA en local, Microsoft a mené à bien une autre révolution, longtemps repoussée mais désormais devenue indispensable. L’éditeur de Windows a en effet délaissé les processeurs x86, cadenassés par Intel et AMD, et qui affichent un cruel manque de puissance de calcul, pour basculer vers l’architecture ARM. La puce des premiers PC Copilot+ a été conçue par Qualcomm. Elle est couplée à une carte graphique (GPU) mais aussi à un accélérateur de réseaux de neurones (NPU). Microsoft suit ainsi la voie ouverte en 2020 par Apple, qui a remplacé les processeurs d’Intel par des CPU ARM maison, obtenant des gains de puissance et d’autonomie. Ses dirigeants ne cachent d’ailleurs pas leur espoir de mieux rivaliser avec le groupe à la pomme, multipliant les comparaisons avec les Mac.

Pour aller plus loin:
– Après deux années de chute, le marché du PC renoue avec la croissance
– Nvidia ambitionne de concurrencer Intel sur le marché des CPU


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