Par , publié le 20 septembre 2020

Le conflit commercial entre Washington et Pékin pourrait bien contrarier les rêves de grandeur de Nvidia. Une semaine après l’annonce du rachat d’Arm Holdings pour 40 milliards de dollars, un montant record sur le secteur des semi-conducteurs, les appels se multiplient en effet en Chine pour bloquer cette opération. Et ainsi éviter que la technologie du groupe britannique ne tombe sous pavillon américain. “Arm pourrait devenir une arme politique américaine contre les entreprises chinoises”, prévient un éditorial du Global Times, un tabloïd réputé proche du pouvoir.

Architecture dominante – Arm est spécialisé dans les systèmes sur puce (SoC), des circuits intégrés qui rassemblent différents éléments (processeur central, processeur graphique, puce Wifi…). La société ne fabrique rien: elle vend des licences sur ses technologies. Apple, Qualcomm, Samsung ou encore Huawei utilisent son architecture. En quelques années, celle-ci est devenue archi-dominante sur le marché des smartphones et des tablettes, en particulier grâce à sa faible consommation d’énergie. Elle devrait également jouer un rôle crucial dans l’essor attendu de la 5G et de l’Internet des objets.

Le précédent Qualcomm – Son rachat par Nvidia soulève donc des questions de concurrence. En mettant la main sur l’architecture utilisée par ses concurrents, le fabricant américain pourrait se retrouver en position de force. Un feu vert des autorités antitrust américaine et européenne n’est pas acquis d’avance, mais devrait être obtenu en échange de conditions pour garantir l’accès à la technologie d’Arm. Au Royaume-Uni, Nvidia devra également rassurer sur le maintien de l’emploi. La partie pourrait cependant être bien plus difficile en Chine. En 2018, Pékin avait déjà bloqué l’acquisition du néerlandais NXP par l’américain Qualcomm.

Juridiction américaine – Depuis, les tensions commerciales avec les Etats-Unis ont redoublé, privant notamment Huawei de puces essentielles à son activité. Avec Nvidia comme maison-mère, Arm devrait tomber sous la juridiction américaine – même si les responsables des deux sociétés assurent le contraire. Cela signifie que Washington pourrait lui interdire de fournir son architecture à n’importe quelle entreprise chinoise. Un risque pour Pékin, qui investit massivement pour soutenir son industrie des semi-conducteurs. En cas de refus de Pékin, Nvidia a une carte à jouer: menacer de quitter le pays, ce qui priverait les fabricants chinois des technologies d’Arm. Mais peut-il vraiment se passer d’un marché en forte croissance qui représente un quart de son chiffre d’affaires ?


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