Par , publié le 29 janvier 2021

Dire que le début d’année ne s’est pas déroulé comme prévu pour Robinhood est un euphémisme. Au lieu de se diriger tranquillement vers une fructueuse introduction en Bourse, peut-être dès le premier trimestre, la plate-forme de courtage se retrouve désormais au cœur d’un gigantesque micmac boursier. En imposant jeudi des restrictions sur les transactions de plusieurs actions très volatiles, comme celle de la chaîne de magasins de jeux vidéo Gamestop, la société a suscité la colère d’une partie de ses utilisateurs. Et fait lever une partie de la classe politique américaine, qui demande désormais une enquête.

Pas de commissions – Fondé en 2013, Robinhood a révolutionné le courtage en ligne aux Etats-Unis, grâce à sa simplicité d’utilisation et surtout à l’absence de commissions. Si bien que les grands acteurs du secteur, comme Charles Schwab et TD Ameritrade, ont fini par s’aligner sur sa politique tarifaire. Le succès de la plate-forme a bondi pendant la crise du coronavirus, avec la chute puis le spectaculaire rebond des marchés financiers. En mai, elle revendiquait 13 millions d’utilisateurs. Un chiffre qui a très probablement encore augmenté depuis. Profitant de cette dynamique, elle avait levé 800 millions de dollars l’an passé, sur la base d’une valorisation de 11,2 milliards.

Dépôt de garantie – Ces derniers mois, Robinhood est accusé d’avoir provoqué un bond de la spéculation chez les particuliers américains. Depuis quelques semaines, la plate-forme est utilisée par un groupe de boursicoteurs réunis sur Reddit, qui ont entraîné un bond spectaculaire de plusieurs titres en pariant contre les vendeurs à découvert. Attirés par la perspective d’importants gains, plus de la moitié des utilisateurs de Robinhood détiennent, par exemple, des actions de Gamestop. Les restrictions imposées jeudi étaient nécessaires, s’est défendu le courtier, car il ne pouvait plus verser les dépôts de garantie obligatoires.

Réputation – De fait, Robinhood a dû emprunter au moins 100 millions de dollars auprès de plusieurs banques, affirment des sources citées par le Financial Times. Reste que sa décision a suscité une vague d’indignation, accusant la start-up de protéger les fonds d’investissement qui sont en train de perdre des milliards de dollars. Elle est d’ores et déjà visée par une class action, qui n’aurait cependant que peu de chances d’aboutir, selon plusieurs experts. Pour Robinhood, les dégâts sont davantage en termes de réputation. Sur l’App Store et le Play Store, les avis négatifs se sont multipliés. Un potentiel exode de ses utilisateurs pourrait contrarier ses projets d’entrée en Bourse.

Pour aller plus loin:
– Robinhood dans le viseur du gendarme boursier américain


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