Par , publié le 3 mai 2021

Moins de quatre ans après avoir été officiellement racheté par Verizon, Yahoo va à nouveau changer de propriétaire. Lundi, le deuxième opérateur mobile américain a en effet annoncé la cession au fonds Apollo de sa branche médias, à laquelle était rattachée l’ancienne gloire d’Internet. L’opération inclut également ce qu’il reste d’AOL, autre pionnier du Web – une dizaine de sites Internet, dont Techcrunch. Elle se chiffre à 5 milliards de dollars (4,2 milliards d’euros), soit à peine plus que la moitié de la somme dépensée par Verizon pour mettre la main sur ces deux entreprises. À l’époque, l’opérateur se rêvait en rival de Google et de Facebook…

Supplanté par Google – Ironie de l’histoire, cette annonce intervient treize ans jour pour jour après le rejet par Jerry Yang, le cofondateur de Yahoo, des avances de Microsoft, qui proposait 45 milliards de dollars. À cette époque, la société est déjà en perte de vitesse. Lancée en 1994 comme un gigantesque annuaire des meilleures adresses de la toile, elle a progressivement abandonné son statut de porte d’entrée du Web, qui faisait toute sa valeur – début 2000, sa valorisation boursière s’élevait à 125 milliards de dollars. Yahoo a été supplanté par Google et son surpuissant moteur de recherche. Et ratera ensuite toutes les grandes révolutions du secteur: le social, le mobile ou encore la vidéo.

Échec de Marissa Mayer – En 2012, la société tente un dernier coup de poker: elle débauche Marissa Mayer, l’une des employées vedettes de Google. La nouvelle directrice générale multiple alors les initiatives. Elle définit de nouvelles priorités, réorientant les équipes vers le mobile, trop longtemps ignoré, et pariant sur la vidéo. Elle procède aussi à plus de cinquante acquisitions, dépensant plusieurs milliards de dollars, principalement pour mettre la main sur des équipes d’ingénieurs. Cette stratégie permet de stopper l’hémorragie, mais le retour promis à la croissance ne se matérialise pas. Comme un symbole, le rachat de Tumblr pour 1,1 milliard de dollars tourne au fiasco.

Loin des objectifs – La revente de Yahoo et AOL représente un autre échec: celui de Tom Armstrong, ancien lui aussi de Google, qui avait convaincu les dirigeants de Verizon que l’opérateur pouvait devenir un acteur majeur sur le marché croissant de la publicité en ligne. En 2020, la branche médias a réalisé un chiffre d’affaires de 7 milliards de dollars, très loin de l’objectif de 20 milliards fixé en 2015. Pour autant, Yahoo possède encore des actifs intéressants, comme son service de courriers électroniques, qui compte environ 200 millions d’utilisateurs actifs dans le monde, et sa plateforme consacrée à la finance, qui attire plus de 300 millions de visiteurs par mois.


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