Par , publié le 6 mai 2021

En saisissant son tout nouveau conseil de surveillance, Mark Zuckerberg espérait ne pas avoir à décider lui-même du sort de Donald Trump, dont les comptes Facebook et Instagram sont suspendus depuis le 7 janvier. Cela ne sera pas le cas. Mercredi, cette “Cour suprême” a renvoyé le patron du réseau social à ses responsabilités, refusant de se prononcer sur le maintien à long terme de cette sanction. Elle donne ainsi six mois à Facebook pour clarifier la situation: soit lever la suspension des comptes, soit la prolonger mais pour une durée déterminée, soit bannir définitivement l’ancien président des Etats-Unis.

Incitation à la violence – Donald Trump avait été sanctionné au lendemain de l’invasion du Capitole par ses partisans. Mark Zuckerberg avait alors justifié ce choix par des craintes d’incitation à la violence. Contrairement à Twitter, qui avait choisi de supprimer le compte de l’ex-président, la société n’avait pas pris de décision définitive. Deux semaines plus tard, elle avait transmis le dossier à son conseil de surveillance, un organisme mis en place l’an passé pour prendre les grandes décisions sur la modération. Ce choix devait lui permettre de conserver ses distances avec un verdict qui s’annonce très controversé. Et ainsi de se mettre partiellement à l’abri des critiques, notamment du monde politique.

“Fuir ses responsabilités” – Dans leur jugement, les 40 membres du conseil estiment que les messages publiés par Donald Trump méritaient bien une suspension de son compte. Mais aussi qu’il n’était pas “approprié” de ne pas définir sa durée. Surtout, ils se montrent très sévères avec la stratégie du réseau social. “En appliquant une pénalité vague et qui ne s’appuie sur aucun standard, Facebook cherche à fuir ses responsabilités”, écrivent-ils, rappelant que les règles du réseau social n’incluent pas la suspension d’un compte pour une durée indéterminée. Le conseil demande donc à Facebook de prononcer une “sanction définie”, sur laquelle il pourra à nouveau être consulté.

Protection juridique – Pour Mark Zuckerberg, il s’agit donc d’un retour à la case départ. Au lieu de pouvoir tourner la page, en se rangeant derrière la décision d’un organisme indépendant, le patron de Facebook se retrouve de nouveau en première ligne. Et va devoir faire un choix qui ne pourra jamais faire l’unanimité. En attendant, les débats vont se poursuivre, en particulier au sein de la classe politique américaine, plus que jamais divisée entre la volonté de limiter les discours haineux et les incitations à la violence, et celle de ne pas entraver la sacro-sainte liberté d’expression. Avec en ligne de mire, l’avenir de la section 230, une loi critiquée qui offre une protection juridique à Facebook.

Pour aller plus loin:
– Les Etats-Unis veulent limiter la protection juridique des réseaux sociaux
– Des célébrités boycottent Facebook, mais les annonceurs reviennent


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