Par , publié le 28 juin 2021

Nouveau jeu de chaises musicales à la tête de Qwant. Pour la quatrième fois en trois ans, le moteur de recherche français va changer de patron. Un an et demi après son arrivée, l’actuel PDG Jean-Claude Ghinozzi va en effet quitter son poste début juillet. Il sera remplacé par un duo, avec l’entrepreneur Raphaël Auphand à la direction générale. Corinne Lejbowicz occupera les fonctions de présidente, abandonnées début 2020 par Eric Leandri, le fondateur de la société. Cette passation de pouvoir intervient à un moment critique: soutenu financièrement par l’Etat après des années de pertes, Qwant a promis de se rapprocher de l’équilibre en 2021.

1% du marché en France – Lancé en 2013, Qwant est souvent présenté comme le Google français. En réalité, le moteur tricolore n’est pas un concurrent direct du géant américain, qui domine outrageusement le secteur. Il se bat contre tous les autres moteurs alternatifs, comme l’américain DuckDuckGo et l’allemand Ecosia, pour grappiller une proportion infime des recherches en ligne. Selon le cabinet Statcounter, la part de marché mondiale de Google dépasse les 92%. Qwant et ses rivaux cumulent moins de 2% des recherches. En France, où son service est notamment installé par défaut sur les ordinateurs de l’administration, sa part de marché touche à peine 1%.

Expérience inférieure – Pour percer, Qwant mise sur deux cartes. D’abord, celle de la souveraineté numérique, qui lui a permis de récolter des dizaines de millions d’euros auprès de la Caisse des dépôts – même si une grande partie des résultats et des publicités est fournie par Bing de Microsoft. Ensuite, celle de la protection de la vie privée de ses utilisateurs. Si ces deux arguments lui permettent d’exister, en particulier dans les médias, ils ne suffisent pas à convaincre le grand public de changer ses habitudes. D’autant plus que l’expérience offerte par le moteur de recherche reste encore très loin de celle proposée par Google: moins de résultats pertinents, moins de services, moins de personnalisation…

Pertes – Ces derniers mois, Qwant a lancé une importante refonte de son architecture, pour limiter sa dépendance à Bing. Mais les résultats mettront du temps à se matérialiser. En attendant, la situation financière reste bancale. Et bien loin des ambitions. En 2018, Eric Leandri, depuis poussé vers la sortie, promettait d’atteindre un chiffre d’affaires de 30 millions d’euros. Mais l’an passé, les recettes ne se sont élevées qu’à 7,5 millions. La société accumule aussi les pertes, même si son déficit a reculé en 2020, à 13 millions. Après avoir été recapitalisée il y a 18 mois par ses actionnaires, elle a dû licencier un quart des employés. Début juin, elle a reconnu avoir obtenu un prêt de 8 millions d’euros de la part de… Huawei, le groupe chinois soupçonné d’espionnage par Washington.

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