Par , publié le 1 juillet 2021

Entre Google et Microsoft, le cessez-le-feu aura duré cinq ans. Fin avril, les deux géants américains n’ont pas prolongé la trêve judiciaire qu’ils avaient conclue en 2016, rapportent Bloomberg et le Financial Times. Celle-ci prévoyait de résoudre les différends à l’amiable, au lieu de s’attaquer devant la justice, de saisir les autorités de la concurrence ou de faire du lobbying auprès des politiques. Elle avait été négociée après des années de conflits majeurs. Ces derniers mois, les tensions s’étaient pourtant accentuées entre les deux entreprises, en coulisses mais aussi sur la place publique.

“Scroogled” – Le pacte de non-agression avait été rendu possible par l’arrivée de nouveaux dirigeants à la tête des deux entreprises: Satya Nadella chez Microsoft et Sundar Pichai chez Google. À l’époque, la bataille faisait rage entre les deux rivaux. Une vingtaine de procédures judiciaires étaient en cours, en particulier pour violation de brevets. Le créateur de Windows finançait également des groupes de pression ciblant le moteur de recherche, notamment à Bruxelles où la Commission européenne avait ouvert plusieurs enquêtes. Et il menait une campagne de communication très agressive, baptisée “Scroogled”, pour dénoncer l’utilisation des données personnelles par Google.

Pratiques publicitaires – Depuis 2016, plusieurs dossiers ont alimenté les tensions. Microsoft reproche notamment les pratiques publicitaires de Google, qui détient les technologies dominantes pour commercialiser et placer des annonces sur des moteurs de recherche. Celles-ci ne fonctionneraient volontairement pas bien avec Bing, le moteur de Windows qui laisserait ainsi échapper des centaines de millions de dollars par an de recettes publicitaires. Ces pratiques ont été sanctionnées en France par l’Autorité de la concurrence. Elles sont aussi au cœur de procédures antitrust en Europe et aux Etats-Unis. Microsoft pourra désormais communiquer ses reproches aux régulateurs.

“Opportunisme commercial” – Ces derniers mois, les deux entreprises s’étaient publiquement affrontées en Australie au sujet d’un projet de loi obligeant Google à rémunérer les éditeurs de presse pour afficher leurs contenus dans ses résultats. La société avait alors menacé de fermer son moteur de recherche dans le pays. Son rival s’était dit prêt à prendre le relais. Et avait publiquement milité pour des règles similaires dans d’autres pays. De “l’opportunisme commercial”, avait répondu Google. En coulisses, ses dirigeants s’activent également pour que les autorités s’intéressent de plus près au pouvoir de Microsoft, qui passe sous le radar des politiques et des autorités de la concurrence.

Pour aller plus loin:
– Comment Microsoft passe sous le radar des autorités de la concurrence
– Bruxelles lance une quatrième enquête antitrust contre Google


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