Par , publié le 23 septembre 2021

La démarche est inhabituelle. Deux mois après son annonce, le rachat de Five9 par Zoom est au cœur d’une enquête des autorités américaines, non pas pour d’éventuels problèmes de concurrence, comme c’est habituellement le cas. Mais pour examiner les risques que pourrait faire peser cette opération sur la sécurité nationale. En cause: les liens présumés entre le spécialiste de la visioconférence et le gouvernement chinois. L’an passé, plusieurs incidents ont alimenté les spéculations, alors que son fondateur, Eric Yuan, est né en Chine. Et déclenché plusieurs enquêtes de la justice américaine.

Solution complète – L’acquisition de Five9 est stratégique pour Zoom, qui n’a pas hésité à dépenser 15 milliards de dollars. Portée à des sommets par la crise sanitaire, qui a fait bondir son activité et sa valorisation boursière, l’entreprise subit désormais un très net ralentissement de sa croissance. Pour y faire face, elle cherche à diversifier son activité. Five9 conçoit des logiciels dans le cloud pour gérer la relation client, et en particulier les centres d’appels. Des outils qui doivent permettre à Zoom de proposer une offre complète pour les communications des entreprises, pouvant mieux rivaliser avec les solutions proposées par Cisco, Amazon ou Microsoft.

Soupçons – La législation américaine permet à l’administration de bloquer l’acquisition d’une entreprise américaine dès lors qu’elle considère que celle-ci nuirait aux intérêts nationaux. Si ces procédures ne sont pas rares, notamment depuis que Washington a décidé de durcir le ton face à Pékin, elles ne sont généralement déclenchées que si l’acheteur est un groupe étranger, en particulier chinois. Zoom est une société américaine, fondée en Californie et cotée à New York. Mais une grande partie de ses ingénieurs est historiquement basée en Chine. Et donc potentiellement sous le contrôle du régime chinois, redoute le gouvernement américain.

Employé chinois inculpé – Les suspicions autour de Zoom ont pris une ampleur encore plus grande l’an passé, lorsqu’un de ses employés chinois a été inculpé par la justice américaine. Il est soupçonné d’avoir aidé Pékin à censurer des visioconférences aux Etats-Unis, notamment lors de la commémoration du massacre de Tiananmen. Quelques mois plus tôt, Zoom avait par ailleurs reconnu que certaines conversations et clés de chiffrement avaient transité par des serveurs en Chine. Une erreur provoquée par un pic d’audience, selon la société qui, il est vrai, accumule alors les failles de sécurité.

Pour aller plus loin:
– Comment Zoom veut capitaliser sur le coronavirus
– FaceTime lancé sur Android pour concurrencer Zoom


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