Par , publié le 10 octobre 2021

Après avoir sanctionné Alibaba, Pékin poursuit son offensive contre les géants du numérique. Vendredi, les autorités de la concurrence (SAMR) ont infligé une lourde amende à Meituan. D’un montant de 3,44 milliards de yuans (462 millions d’euros), celle-ci correspond à 3% du chiffre d’affaires réalisé en 2020. Elle est cependant moins élevée que redouté par les observateurs. Le leader chinois de la livraison de repas s’est, par ailleurs, engagé à mettre en place des “rectifications”, en particulier sur les clauses d’exclusivité imposées aux restaurateurs.

“Super app” – Fondée en 2010, Meituan s’est imposé comme le troisième acteur tech chinois, avec plus de 600 millions d’utilisateurs. La société est surtout connue pour sa plateforme de livraison de repas. Elle s’adjuge près de 70% du marché chinois. Très loin devant les 20% de Ele.me, son principal rival racheté il y a trois ans par Alibaba. Au fil des années, Meituan s’est transformée en “super app”, profitant de sa popularité pour proposer une multitude de nouveaux services. Elle est notamment devenue le premier site de réservation d’hôtels. Plus récemment, elle investit massivement dans les achats groupés de produits frais, un secteur en forte croissance en Chine.

“Choisir un sur deux” – Le développement spectaculaire de Meituan a été dopé par des méthodes critiquées mais longtemps tolérées. Mais les autorités les considèrent désormais comme anticoncurrentielles. Une enquête contre Meituan avait ainsi été ouverte au printemps. Dans le viseur en particulier: la pratique dite du “choisir un sur deux”, qui consiste à demander aux restaurateurs de ne pas être présents sur d’autres plateformes. En cas de refus, ces derniers devaient verser des commissions plus élevées sur chaque commande. Cette stratégie, qui va officiellement prendre fin, a été particulièrement efficace pour limiter le développement de services concurrents.

Salaire minimum – En juillet, Meituan avait déjà été rappelé à l’ordre sur les conditions de travail et la rémunération de ses millions de livreurs. La société doit désormais leur garantir un salaire minimum et leur fournir une protections sociales. Elle doit également modifier son algorithme, accusé de fixer des délais de livraison trop courts qui auraient été à l’origine d’accidents mortels. Ces changements devraient faire grimper ses coûts, et même menacer sa rentabilité à court terme. Cela pourrait aussi limiter ses investissements, par exemple sur le marché des achats groupés. Ou encore dans la recherche et développement, alors que Meituan ambitionne de concevoir une voiture autonome et des drones de livraison.

Pour aller plus loin:
– Ciblé par Pékin, Didi accuse une forte baisse de son activité
– Pékin inflige une amende historique à Alibaba


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