Par , publié le 4 novembre 2021

Washington sévit contre Pegasus, le très controversé logiciel espion israélien accusé d’avoir infiltré les smartphones de personnalités politiques, de journalistes et d’activistes. Mercredi, son concepteur NSO Group a été placé sur la liste noire du département du Commerce, ce qui va l’empêcher d’acheter, sauf dérogation, des technologies ou des services américains. Si l’impact sur sa capacité à opérer reste difficile à déterminer, cette sanction porte surtout un coup de massue à sa crédibilité internationale. Dans son communiqué, l’administration américaine remet sévèrement en cause le discours officiel de NSO, qui assure que son outil n’est utilisé que pour lutter contre le terrorisme et le crime organisé.

 Zéro clic – Le logiciel Pegasus est particulièrement sophistiqué. Une fois installé sur un smartphone, il peut intercepter les conversations téléphoniques, les messages et les photos. Il peut également servir de mouchard, capable d’écouter ce qui se passe autour. Surtout, il est “zéro clic”, c’est à dire qu’il n’est pas nécessaire que l’utilisateur clique sur un lien. En exploitant des failles de sécurité, notamment de WhatsApp et d’iMessage, Pegasus peut ainsi infester un appareil simplement par l’envoi d’un message. Considéré comme un équipement militaire, son exportation à l’étranger est soumise à l’aval du ministère de la Défense israélien. Un garde-fou qui empêcherait les abus, assure NSO Group.

Ministres visés – Cet été, un consortium de médias internationaux avait cependant livré une autre réalité. Leur enquête avait montré que plusieurs Etats avaient utilisé le logiciel pour espionner des opposants politiques, des journalistes ou des militants des droits de l’homme. Au moins cinq ministres français auraient été ciblés, potentiellement par le gouvernement marocain. Le numéro de téléphone portable d’Emmanuel Macron figurait par ailleurs sur une liste de 50.000 numéros intéressant les clients de NSO. En 2018, le logiciel aurait également servi dans le cadre de l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi par les services secrets saoudiens.

Marchés fermés – Ces dernières années, NSO avait mené un important lobbying à Washington, en particulier auprès de proches de Donald Trump. Mais la société n’avait pas décroché de contrat aux Etats-Unis, en raison du prix élevé de son logiciel, indique le Washington Post. Son placement sur liste noire semble désormais lui fermer quasi définitivement les portes du secteur public américain. En outre, celui-ci pourrait avoir des répercussions à l’étranger, accentuant la pression sur ses clients, par exemple le gouvernement allemand. Enfin, des prestataires de NSO pourraient décider d’interrompre leur contrat, comme l’a fait Amazon en septembre.


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