Par , publié le 16 novembre 2021

Daniel Ek s’était engagé l’an passé à injecter un milliard d’euros dans des pépites européennes. La semaine dernière, le fondateur et patron de Spotify a commencé à tenir promesse: son fonds Prima Materia a investi 100 millions dans la start-up allemande Helsing. Lancée il y a quelques mois, cette dernière ambitionne de déployer des logiciels d’intelligence artificielle sur les champs de bataille. En utilisant des données vidéos, infrarouges et sonars, elle souhaite ainsi créer des cartes en direct pour faciliter la prise de décision et anticiper les dangers. Elle vise les grandes armées européennes comme premiers clients.

Secteur controversé – Cet investissement rentre bien dans le cadre défini l’an passé par Daniel Ek, qui souhaite soutenir des “moonshots”, des projets très ambitieux qui ne seront potentiellement jamais rentables. Et qui peuvent peiner à trouver des financements en Europe. L’investissement peut cependant surprendre. D’abord, par son montant, qui représente 10% de l’enveloppe promise sur dix ans. Ensuite, par le secteur choisi. Investir dans les technologies de défense reste très controversé, voire tabou. Daniel Ek, lui, assume. Il évoque une intelligence artificielle “éthique, transparente et responsable”, qui sera mise au service des démocraties européennes.

Accès au capital – Au-delà d’Helsing, l’entrepreneur veut investir dans “les technologies de rupture nécessaires pour avoir un impact positif significatif”. L’an passé, il avait cité les domaines de l’intelligence artificielle, des biotechnologies, de la science des matériaux ou encore de l’énergie. Si la situation s’est largement améliorée, “l’un des plus grands défis demeure l’accès au capital”, poursuivait Daniel Ek. Cela est particulièrement vrai pour les sociétés qui travaillent sur des idées révolutionnaires, plus longues à se concrétiser et davantage susceptibles d’échouer. “Certains des talents les plus prometteurs au monde quittent automatiquement l’Europe”, regrettait-il.

Milliardaires américains – Aux Etats-Unis, les “moonshots” peuvent en effet compter sur le soutien de plusieurs milliardaires de la tech, comme Bill Gates, Jeff Bezos ou encore Larry Page, les fondateurs respectifs de Microsoft, Amazon et Google. Ils peuvent aussi être soutenus par les grandes entreprises du secteur. L’Europe demeure encore très en retard dans ce domaine. “Il est très frustrant de voir des entrepreneurs européens abandonner leurs extraordinaires visions”, soupire Daniel Ek. Il espère désormais servir d’inspiration à d’autres milliardaires du continent. Et ainsi contribuer à faire émerger un “nouveau rêve européen”.

Pour aller plus loin:
– Nouveau record de levée de fonds pour les start-up mondiales
– Palantir, l’anti-Silicon Valley qui veut séduire Wall Street


No Comments Yet

Comments are closed

Contactez-nous  –  Politique de confidentialité