Par , publié le 18 novembre 2021

L’aventure américaine de N26 a tourné court. Jeudi, la néobanque allemande a confirmé l’arrêt de ses opérations aux États-Unis. Une décision justifiée par la volonté de recentrer ses efforts dans les pays européens. La société avait franchi l’Atlantique en 2019. Elle assure avoir séduit 500.000 clients américains, au prix cependant d’importantes dépenses. Sur un marché très concurrentiel et très différent, sa croissance restait cependant assez faible. En 2020, N26 avait ainsi licencié 10% de ses effectifs à New York. Les néobanques britanniques Revolut et Monzo rencontrent des difficultés similaires.

Valorisée 9 milliards d’euros – Lancée en 2013, N26 revendique désormais plus de 7 millions de clients dans 25 pays, dont plus de 2 millions en France. Comme ses rivales, elle a bâti son succès sur son expérience client, notamment en permettant d’ouvrir un compte en moins de 10 minutes, et sur ses comptes courants gratuits. Elle cherche désormais à imposer des offres payantes, une étape importante pour trouver le chemin de la rentabilité. L’an passé, l’entreprise a accusé une perte de 110 millions d’euros en Europe. Pas de quoi effrayer pour autant les investisseurs: en octobre, N26 a levé plus de 900 millions d’euros, sur la base d’une valorisation de 9 milliards.

Dépassée par Chime – Ce n’est pas la première fois que la néobanque quitte un marché. Début 2020, elle s’est retirée du Royaume-Uni, officiellement en raison du Brexit. Outre-Manche, elle peinait aussi à attirer des clients. À l’époque, ses dirigeants expliquaient alors vouloir se focaliser sur… les Etats-Unis. Pour s’y imposer, N26 a bien adapté son offre, avec du cashback et des avances sur salaires. Mais elle n’a rien pu faire face à la force de frappe des acteurs américains. Et en particulier de Chime, qui capte 65% du marché, selon les estimations du cabinet eMarketer. Présente uniquement aux Etats-Unis, la néobanque peut y dépenser bien plus en marketing que ses rivales européennes.

Amende – Contrairement à Revolut, qui a choisi de renforcer son offre gratuite aux Etats-Unis pour séduire des clients, N26 a préféré arrêter les frais. Il faut dire que la société a d’autres problèmes à régler. En septembre, la BaFin, le régulateur bancaire allemand, lui a infligé une amende de 4,25 millions d’euros, en raison de failles dans son dispositif de prévention du blanchiment d’argent. Surtout, elle a depuis dû s’engager à limiter “pour quelque temps” l’ouverture de nouveaux comptes, entre 50.000 et 70.000 par mois. N26 n’abandonne pas pour autant ses projets internationaux. Elle va notamment se lancer au Brésil, sur les terres du géant Nubank.

Pour aller plus loin:
– Comment la néobanque Revolut espère percer aux Etats-Unis
– Nubank, la néobanque vedette qui a séduit Warren Buffett


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