Par , publié le 7 mars 2022

Fleuron de la tech russe, Yandex voyait bien au-delà de ses frontières. Mais ses grandes ambitions internationales se heurtent désormais à la guerre déclenchée par Moscou en Ukraine. Depuis une semaine, le groupe Internet, souvent surnommé le “Google russe”, est en effet lâché par ses principaux partenaires occidentaux. Et il a dû interrompre une partie de ses activités en Europe et aux Etats-Unis. Yandex est aussi menacé par un boycott de ses fournisseurs: il pourrait bientôt se retrouver dans l’incapacité d’acheter les technologies dont il a besoin. Plus grave encore, la société n’est pas à l’abri d’une nationalisation, qui lui fermerait encore plus les portes des marchés occidentaux.

Diversification – Lancé en 1997, Yandex s’est imposé comme le premier moteur de recherche en Russie, malgré la concurrence de Google. Le groupe a fortement diversifié ses activités. Il s’est lancé dans le commerce en ligne, dans les véhicules avec chauffeur (VTC), dans le paiement mobile et plus récemment dans la livraison ultrarapide de courses. L’an passé, il a réalisé un chiffre d’affaires de 356 milliards de roubles (près de 3 milliards d’euros). Ces dernières années, ses dirigeants misaient beaucoup sur l’international. Yandex avait ouvert des centres de recherche à l’étranger, développait des voitures autonomes aux Etats-Unis et souhaitait lancer son offre de cloud en Europe.

Uber sort du capital – Si ce projet n’est pas encore abandonné, il a été mis “en pause”, notamment en Allemagne qui devait être son premier marché européen. Le programme d’essai des véhicules sans conducteur a également été suspendu. Pour le moment, Yandex Taxi (VTC) et Yango Deli (livraison ultrarapide) ne sont pas impactées par le conflit. Mais des parlementaires réclament leur encadrement, voire leur interdiction, dans plusieurs pays européens. Parallèlement, l’américain Grubhub a mis un terme à un partenariat avec Yandex pour concevoir un robot de livraison. Et Uber a annoncé son intention de couper tous les ponts avec le groupe russe, dans lequel il détient encore 29% du capital.

Défaut de paiement – Par ailleurs, Yandex redoute de ne plus pouvoir se fournir auprès des entreprises occidentales qui ont suspendu leurs ventes en Russie. Si la situation se prolonge au-delà de 12 à 18 mois, ses activités pourraient “être matériellement impactées”. À plus court terme, la société doit également gérer une menace de défaut de paiement: la cotation de son action étant suspendue à Wall Street, ses créanciers peuvent demander un remboursement immédiat. Soit plus d’un milliard de dollars que Yandex n’a pas. Enfin, le scénario d’une nationalisation ne peut pas être écarté, à l’image du réseau social VK, racheté fin 2021 par Gazprom, le géant de l’énergie contrôlé par le Kremlin.

Pour aller plus loin:
– Pourquoi les géants de la tech quittent la Russie


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