Depuis lundi, les abonnés russes de Netflix n’ont plus accès à son catalogue de films et de séries. La plateforme américaine de streaming vidéo est la dernière société technologique à quitter, au moins temporairement, la Russie, suite à l’invasion de l’Ukraine déclenchée fin février par Moscou. Avant elle, Apple et Samsung avaient déjà suspendu la vente de leurs produits dans le pays. Microsoft et Oracle celle de leurs logiciels et services. Google et Facebook avaient, eux, arrêté de commercialiser des publicités. Airbnb avait mis fin aux locations, et PayPal aux paiements en ligne. Et de nombreuses sociétés avaient fermé leurs bureaux ou annulé des projets d’investissements en Russie.
Relations publiques – Plusieurs raisons expliquent cet exode aussi rapide qu’inédit. Au-delà des sanctions internationales, qui interdisent certaines exportations, les géants tech ont d’abord réagi à l’émotion suscitée par l’offensive militaire russe – et aux demandes publiques des dirigeants ukrainiens. Cela a provoqué un effet boule de neige, pour ne pas être l’une des seules entreprises à ne pas avoir pris des mesures. À cet impératif de relations publiques, se sont ajoutées de nombreuses raisons matérielles: une logistique fortement perturbée, des restrictions sur les paiements internationaux et la forte chute du rouble, tombé à son plus bas niveau historique face au dollar.
“Simple erreur d’arrondi” – La décision de quitter la Russie a été d’autant plus facile à prendre que le marché ne représente qu’une minuscule partie de leurs activités. Netflix compte, par exemple, qu’un million d’abonnés dans le pays sur une base totale de 222 millions. Les ventes russes ne constituent qu’environ 1% du chiffre d’affaires d’Apple. Même chose pour Google et pour Facebook. “L’exposition des géants de la tech n’est qu’une simple erreur d’arrondi au regard de leur présence mondiale”, estime ainsi Daniel Ives, analyste chez Wedbush. Une partie de ces sociétés sont ainsi bien moins promptes à réagir lorsque leurs activités chinoises sont en jeu.
Pas de réaction en Chine – Symbole des enjeux géopolitiques, la réaction des entreprises occidentales contraste avec celle des sociétés chinoises. Alibaba, Tencent, Huawei, Lenovo ou encore Xiaomi ne souhaitent pas évoquer l’invasion russe. Aucune n’a donc officiellement quitté le pays. À l’inverse, sous la pression de l’opinion publique, Didi a décidé de ne plus fermer sa plateforme de VTC en Russie. Une fermeture qui avait pourtant été motivée par de mauvaises performances. La situation reste délicate pour ces entreprises, menacées d’être accusées de soutenir la Russie sur les marchés occidentaux. “Le marché russe reste trop petit pour justifier un tel risque”, souligne Dan Wang, analyste chez Gavenkal Dragonomics.
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