Par , publié le 25 mars 2022

Quand Solomon Hykes se lance dans l’aventure Docker en 2008, dans la cave de la maison familiale à Montrouge, les investisseurs français ne se bousculent pas. C’est finalement dans la Silicon Valley qu’il fera émerger sa technologie de conteneurs pour le cloud. S’il assure être “un cas à part, où l’innovation est poussée à l’extrême”, il n’est alors pas un cas isolé. Quatorze ans plus tard, Alice & Bob ont pu lever la semaine dernière 27 millions d’euros pour développer un ordinateur quantique, sans avoir à franchir l’Atlantique. Pour les start-up françaises, déménager dans la région de San Francisco n’est plus un passage obligatoire. Et encore moins un eldorado.

Main d’œuvre – Pendant longtemps, rejoindre la Silicon Valley était un moyen de contourner les limites de l’écosystème français. Cela permettait d’avoir accès à un nombre plus élevé d’ingénieurs informatiques. Et d’être au plus près des fonds de capital-risque, de mentors, d’acquéreurs potentiels ou de clients.“Il y a quinze ans, construire un géant tech en Europe était extrêmement difficile”, souligne Danny Rimer, associé au sein du fonds de capital-risque Index Ventures. Depuis, la situation a beaucoup évolué. La France a comblé une partie de ses lacunes. Elle dispose, par exemple, d’une main d’œuvre qualifiée plus nombreuse qu’auparavant. Et beaucoup moins chère qu’aux États-Unis, où les salaires s’envolent.

Investisseurs étrangers – Surtout, la French Tech est devenue un écosystème mature, qui enregistre une envolée des levées de fonds – près de 12 milliards d’euros l’an passé. Elle est désormais capable de financer, en particulier par l’intermédiaire de Bpifrance, des technologies de rupture, celles qui présentent le plus de risques et offrent les perspectives de sorties les plus lointaines. Elle peut aussi mener des méga-levées de fonds se chiffrant en centaines de millions d’euros, indispensables pour faire émerger des géants européens ou mondiaux. Cela est notamment dû à l’arrivée de nombreux investisseurs étrangers, comme le japonais Softbank et l’américain Tiger.

Présence encore obligatoire ? – Pour les start-up françaises, “il est aujourd’hui plus facile d’émerger en France que dans la Silicon Valley”, estime Franck Sebag, associé chez EY. Pour autant, s’il n’est plus nécessaire de déménager très tôt dans la Silicon Valley ou à New York, “on ne peut pas devenir un champion mondial sans une présence aux États-Unis”, poursuit-il. Tout en conservant leurs équipes d’ingénieurs et de développeurs en France, de nombreuses sociétés ouvrent donc des bureaux aux États-Unis, voire installent une partie de leurs dirigeants. C’est d’autant plus primordial sur le secteur du SaaS (logiciel par abonnement), pour lequel le marché américain représente le plus gros du morceau.


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