Par , publié le 18 octobre 2022

L’opération serait la plus importante sur le secteur de la livraison ultrarapide de courses. Et le symbole de la zone de turbulences qui secoue l’ensemble des acteurs. Selon le Financial Times, Gorillas cherche un repreneur depuis quelques mois. La start-up allemande, encore valorisée à trois milliard de dollars en 2021, est l’un des poids lourds du marché en Europe. Elle accumule, aussi, des pertes abyssales. Et sa trésorerie fond rapidement, alors qu’elle n’a pas réussi à trouver de nouveaux investisseurs. Des négociations exclusives ont été entamées avec sa rivale turque Getir. Pour un prix bien inférieur à sa dernière valorisation: 100 millions de dollars et 12% du nouvel ensemble.

Consolidation – Comme ses rivales, Gorillas a profité de la crise sanitaire pour attirer les investisseurs, convaincus de la pertinence du modèle de livraison depuis de petits entrepôts urbains. Le potentiel leur semblait immense: l’alimentaire est un marché gigantesque, sur lequel la part des ventes en ligne reste très faible. De quoi justifier des investissements massifs pour se lancer au plus vite dans de nombreuses villes. Début 2022, Gorillas comptait ainsi plus de 200 entrepôts en Europe. L’argent facile et les faibles barrières à l’entrée ont attiré une multitude d’acteurs sur ce marché. Une situation intenable, qui a débouché sur une vague de consolidation: les start-up les moins puissantes financièrement se font racheter par plus gros.

Lourdes pertes – Malgré une levée de fonds d’un milliard de dollars il y a un an, Gorillas fait partie de ces acteurs fragiles. Car ses pertes sont abyssales. Pour gagner des parts de marché, la société a dépensé sans compter en marketing: en moyenne 8 euros par commande, selon les chiffres obtenus par le Financial Times. Elle a aussi multiplié les promotions. Sur les douze derniers mois, chaque euro de chiffre d’affaires s’est ainsi traduit par une perte de 1,50 euro. En mai, Kagan Sumer, son patron, a annoncé un changement de stratégie: finie la croissance effrénée, l’accent est désormais mis sur la “rentabilité à long terme”. La start-up supprime 300 emplois dans ses bureaux et abandonne plusieurs marchés européens.

Frilosité des investisseurs – Ce revirement stratégique n’était pas voulu. Il a été rendu obligatoire par la situation financière de l’entreprise: en mai, sa trésorerie avait fondu à 300 millions de dollars, assez pour tenir quelques mois seulement. Parallèlement, Gorillas n’a pas réussi à concrétiser une levée de fonds de 700 millions. Le resserrement de la politique monétaire américaine a fait chuter les investissements dans les start-up. Et les fonds se détournent des sociétés les moins rentables, ou exigent une réduction drastique de leurs valorisations. Le secteur de la livraison ultrarapide est touché de plein fouet, tant son modèle économique demeure incertain. Acculé, Gorillas espère désormais éviter le pire.

Pour aller plus loin:
– Gorillas licencie la moitié de ses employés
– Forte baisse des levées de fonds pour les start-up


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