Par , publié le 1 novembre 2022

Il n’y aura pas eu de rebondissement de dernière minute. Jeudi dernier, Elon Musk a, comme prévu, finalisé l’acquisition de Twitter pour 44 milliards de dollars. C’est la fin de l’incroyable feuilleton entamé en avril. Et surtout le début d’une nouvelle ère pour le réseau social à l’oiseau bleu, seize ans après son lancement et neuf ans après son introduction en Bourse. Le patron de Tesla et de SpaceX, qui a longtemps cherché une parade juridique pour ne pas réaliser cette opération, a désormais les mains libres pour mettre en place les nombreux changements qu’il souhaite. Et atteindre les objectifs très ambitieux qu’il s’est fixés.

Musk, patron par intérim ? – À peine arrivé, Elon Musk a remercié une grande partie de l’équipe dirigeante de Twitter, dont Parag Agrawal, nommé l’an passé pour succéder à Jack Dorsey au poste de directeur général, et Vijaya Gadde, la responsable des affaires juridiques. Il a également dissout le conseil d’administration. Ce n’est pas une surprise, tant il avait multiplié les critiques. Le milliardaire a directement pris les commandes de la société, s’entourant de quelques fidèles comme conseillers. Mais cette option pourrait n’être que temporaire alors qu’Elon Musk dirige déjà deux autres entreprises. Il pourrait ainsi nommer un directeur général, comme c’est déjà le cas à la tête de ses start-up Boring et Neuralink.

Vers un plan social massif ? –  La restructuration de Twitter devrait également passer par un important plan social. Dans une feuille de route communiquée à des investisseurs, et obtenue par le Washington Post, Elon Musk prévoyait de supprimer jusqu’à 75% des emplois. Un chiffre qu’il a depuis démenti. Selon le quotidien américain, une première vague de licenciements est attendue ces prochains jours. Elle devrait concerner 25% des effectifs. Le nouveau patron du réseau social espère imposer un changement de culture, invitant chaque employé à aller vite et à démontrer sa valeur. Pour montrer la voie, une cinquantaine d’ingénieurs de Tesla ont été temporairement détachés chez Twitter, explique CNBC.

Bientôt une super app  ? – Cette nouvelle façon de travailler est déjà à l’œuvre. Elon Musk aurait ainsi fixé un délai d’une semaine pour refondre l’abonnement Blue, qui va devenir obligatoire pour obtenir le badge certifié. Faute de quoi, les équipes en charge du projet seront licenciées. Autre idée lancée par le milliardaire: le retour de Vine, l’application de courtes vidéos fermée en 2016. À plus long terme, Elon Musk souhaite intégrer Twitter dans “une application pour tout faire”. Ce projet, baptisé X, s’inspire de la super app chinoise WeChat, qui permet de discuter entre amis, mais aussi de régler des achats, de réserver une table au restaurant ou encore de commander un taxi.

Un retour de Donald Trump ? – Elon Musk veut également renforcer la liberté d’expression, qu’il estimait limitée par la politique de modération. Celle-ci devrait donc être beaucoup moins sévère à l’avenir. “L’oiseau est libéré”, a-t-il ainsi lancé. Il s’est aussi prononcé contre les bannissements définitifs, ouvrant la voie à un retour de Donald Trump, dont le compte avait été supprimé en janvier 2021. Cette posture se heurte cependant à la réalité: elle risque de multiplier les messages haineux et la désinformation. Et elle pourrait être contraire aux réglementations, comme le prochain Digital Services Act européen. Elon Musk a donc adouci son discours, annonçant la mise en place d’un conseil sur la modération.

Fuite des annonceurs ? – Dans un message adressé aux annonceurs, il a également promis que tous les comportements ne seront pas permis sur Twitter. Le nouveau patron a bien conscience qu’il doit rassurer les marques, qui ne souhaitent pas être affichées à côté de messages haineux ou racistes. Lundi, il s’est ainsi rendu à New York pour rencontrer des annonceurs. Le constructeur automobile General Motors a déjà mis en pause ses investissements publicitaires sur Twitter. Et la grande agence de publicité IPG recommande à ses clients de faire la même choseCritiquée par Elon Musk, la publicité reste cependant essentielle pour Twitter. L’an passé, elle a représenté 90% de son chiffre d’affaires.

De potentiels conflits d’intérêts ? – Le sort de Donald Trump illustre par ailleurs le risque de conflits d’intérêts. Elon Musk n’aurait-il pas intérêt à lui accorder une faveur dans l’espoir d’obtenir quelque chose en retour en cas de réélection ? Twitter pourra-t-il prendre des mesures contre des élus si un projet de loi impliquant Tesla ou SpaceX est en discussion au Congrès ? Même chose en Chine, un marché devenu stratégique pour le fabricant de voitures électriques. Que fera Elon Musk si le gouvernement chinois réclame des informations sur un dissident ? Ou demande le retrait des mesures limitant la portée des messages publiés par des médias contrôlés par Pékin ? “Elon Musk a fait une grave erreur”, résume Alex Stamos, l’ancien patron de la sécurité de Facebook.

Pour aller plus loin:
– Elon Musk prépare un plan social massif chez Twitter
– Pourquoi Elon Musk se résigne à racheter Twitter


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