Par , publié le 16 novembre 2022

Après avoir survécu aux confinements, Bird pourrait ne pas résister au contexte actuel de défiance envers les sociétés technologiques. Lundi, le pionnier américain de la location de trottinettes électriques en libre-service a prévenu que sa trésorerie était tombée à un niveau alarmant. “Sans financement additionnel”, celle-ci ne lui permettra pas de remplir ses “obligations au cours des douze prochains mois”, reconnaît la société, qui a englouti des centaines de millions de dollars dans une activité qui n’est toujours pas rentable. Et d’ajouter qu’un tel scénario se traduirait par l’arrêt de certaines opérations, voire par un placement sous la protection de la loi américaine sur les faillites.

400 villes – Créée en 2017 par Travis VanderZanden, un ancien haut dirigeant d’Uber, Bird a lancé la mode des trottinettes électriques en free floating (sans bornes). L’intérêt pour ces engins est immédiat. Et la start-up dépasse la barre symbolique du milliard de dollars de valorisation en seulement neuf mois. Un record. En trois ans, elle lève plus de 600 millions auprès d’investisseurs. Avant de profiter de la folie autour des SPAC pour entrer en Bourse l’an passé, et récolter 250 millions supplémentaires. La société est alors capitalisée à 2,3 milliards de dollars. Sur un marché concurrentiel, Bird a toujours énormément dépensé, sans trop se soucier de ses pertes, pour déployer ses trottinettes et ses vélos dans 400 villes et campus universitaires aux Etats-Unis et en Europe.

Licenciements – Dans cette course effrénée, Bird a notamment signé un chèque de 215 millions pour acheter les trottinettes et vélos qui lui seront livrés en 2022 et 2023. Et sa trésorerie a fondu: elle est désormais inférieure à 40 millions de dollars. Pour préserver ses liquidités, l’entreprise cherche désormais à limiter ses dépenses. En mai, elle a licencié un quart de ses employés. Elle vient de cesser ses opérations en Allemagne, en Norvège et en Suède. Et de quitter les marchés qui généraient le plus de pertes. Bird a aussi changé de patron et abandonné son projet de vendre des vélos et trottinettes au grand public. Lundi, son directeur financier a promis d’autres mesures d’économies. Il assure chercher de nouveaux financements – à condition toutefois de trouver des investisseurs prêts à parier sur un redressement.

Wall Street perd espoir – La tâche ne s’annonce pas facile, tant les marchés financiers se détournent des entreprises qui perdent de l’argent. Cinq ans après son lancement, Bird doit encore démontrer la pertinence de son modèle économique. Et sa capacité à devenir rentable. Certes, ses marges s’améliorent, notamment grâce à des trottinettes plus robustes, qui peuvent être amorties sur une durée de vie plus longue – jusqu’à cinq ans pour sa dernière version. La société a aussi changé de modèle pour la recharge des batteries, en la sous-traitant à des managers avec lesquels elle partage une partie des recettes. Mais l’évolution reste très lente alors que la situation financière est urgente. À Wall Street, les investisseurs semblent déjà avoir perdu espoir: la capitalisation boursière de Bird est tombée à seulement 75 millions de dollars.

Pour aller plus loin:
– Trottinettes: les start-up européennes poussent leur avantage
– Uber met à la casse des milliers de vélos


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