Par , publié le 9 janvier 2023

Pas de répit pour NSO Group. Lundi, la Cour suprême des États-Unis a refusé de bloquer la plainte déposée en 2019 par Meta, la maison mère de Facebook, contre l’éditeur israélien du logiciel espion Pegasus, accusé d’avoir infiltré les smartphones de personnalités politiques, journalistes et activistes. Ce dernier estimait pouvoir bénéficier d’une immunité, se présentant comme un “agent” travaillant pour des gouvernements étrangers. Un argument d’abord rejeté par un tribunal californien, et désormais par la plus haute juridiction du pays. Meta reproche à NSO d’avoir infiltré les serveurs de WhatsApp, puis d’avoir exploité une faille de sécurité. La société de Mark Zuckerberg espère notamment obtenir une injonction de la justice pour lui interdire l’accès à sa messagerie.

Zéro clic – Le logiciel Pegasus est particulièrement sophistiqué. Une fois installé sur un smartphone, il peut intercepter les conversations téléphoniques, les messages et les photos. Il peut également servir de mouchard, capable d’écouter ce qui se passe autour. Surtout, il est “zéro clic”, c’est-à-dire qu’il n’est pas nécessaire que l’utilisateur clique sur un lien. Pegasus peut ainsi infester un appareil simplement par l’envoi d’un message sur WhatsApp ou iMessage, la messagerie d’Apple – qui a lui aussi porté plainte contre NSO fin 2021. Considéré comme un équipement militaire, son exportation à l’étranger est soumise à l’aval du ministère de la Défense israélien. Un garde-fou qui empêcherait les abus, assure son concepteur.

Liste noire – En 2021, un consortium de médias internationaux avait cependant livré une réalité bien différente. Leur enquête avait montré que Pegasus avait été utilisé pour espionner des opposants politiques, des journalistes ou des militants des droits de l’homme. Au moins cinq ministres français auraient été touchés. Quelques mois plus tard, Washington avait sévèrement remis en cause le discours officiel de NSO, qui assure que son outil n’est utilisé que pour lutter contre le terrorisme et le crime organisé. Le groupe avait alors été placée sur la liste noire du département américain du Commerce, qui l’empêche depuis d’acheter, sauf dérogation, des technologies ou des services américains. Un coup de massue à sa crédibilité internationale.

Vente aux États-Unis ? – Cette sanction pénalise grandement ses efforts commerciaux aux Etats-Unis, mais aussi à l’étranger. Selon l’agence Bloomberg, son chiffre d’affaires aurait été compris entre 150 et 170 millions de dollars l’an passé. En 2018, celui-ci s’élevait à 250 millions, dont environ la moitié générée par Pegasus. Endetté à hauteur de 400 millions, NSO cherche désormais des solutions pour survivre. En août, la société a licencié 120 personnes et augmenté le prix de ses différents logiciels. Elle étudie la vente de certains actifs pour récupérer des liquidités. Et elle ne désespère pas de finaliser un rachat par L3Harris, un groupe américain spécialisé dans la défense. Une opération bloquée par le précédent gouvernement israélien.

Pour aller plus loin:
– NSO réfléchit à suspendre son logiciel espion Pegasus
– Le logiciel espion Pegasus sanctionné par les Etats-Unis


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