Par , publié le 30 janvier 2023

Google a tout tenté pour éviter un tel scénario. Mais après sa défaite devant la Cour suprême indienne, le géant américain a dû se résoudre à modifier le fonctionnement d’Android, son système d’exploitation mobile. Il va notamment permettre aux développeurs d’applications d’utiliser des systèmes externes de paiement. Ou encore aux utilisateurs de choisir leur moteur de recherche par défaut. Ces changements ont été imposés par les autorités indiennes de la concurrence, qui l’ont condamné en octobre dernier à deux amendes, d’un montant cumulé de 22 milliards de roupies (248 millions d’euros), pour abus de position dominante. Google espérait pouvoir repousser leur entrée en vigueur jusqu’au verdict de ses appels.

97% du marché – En Inde, Android occupe une position hégémonique: sa part de marché culmine à 97%, selon les estimations du cabinet Counterpoint Research. Cela représente plus de 600 millions de smartphones, sur lesquels sont installés la boutique d’applications Play Store ou encore le navigateur Chrome – lui aussi hégémonique dans le pays. Fin 2020, la société a lancé un nouvel appareil bon marché, en partenariat avec l’opérateur Jio, pour toucher un public encore plus large. En 2020, sa domination avait provoqué une fronde de plusieurs start-up indiennes, sous l’impulsion de la fintech vedette Paytm, dont l’application avait été retirée temporairement du Play Store. Cette contestation avait débouché sur le lancement de deux enquêtes antitrust contre Google.

Applications préinstallées – Les changements imposés par les autorités indiennes sont très vastes. Certains ont déjà été appliqués en Europe, suite à des condamnations de Bruxelles. C’est le cas du choix du moteur de recherche lors de la configuration du smartphone. Et de la possibilité offerte aux fabricants de ne plus préinstaller obligatoirement l’ensemble des applications de Google pour avoir accès à l’indispensable Play Store. La société n’a cependant pas précisé si elle facturera une licence aux fabricants qui choisissent cette voie, comme c’est le cas en Europe. Les start-up indiennes espèrent que ces deux mesures leur permettront de gagner des parts de marché ou de faire émerger des alternatives locales à Chrome, YouTube ou encore Google Maps. Une tâche qui s’annonce cependant compliquée.

Boutiques tierces – D’autres modifications s’alignent sur le futur Digital Markets Act  européen. Par exemple: la possibilité pour les utilisateurs de désinstaller les applications préinstallées. Comme en Europe, Google va aussi devoir autoriser les boutiques d’applications concurrentes, qui pourront être installées directement depuis le Play Store. Et ne pas entraver le sideloading (téléchargement sans passer par une boutique). Ces deux mesures pourraient potentiellement remettre en cause une partie des commissions perçues sur chaque achat ou abonnement. Enfin, la société ne pourra plus imposer son système de paiement – une restriction qu’elle commence à lever pour apaiser les régulateurs. En échange, les développeurs bénéficieront d’une petite remise sur les commissions.

Pour aller plus loin:
– En Inde, des start-up se révoltent contre Google
– Le Royaume-Uni s’attaque à l’emprise de Google et Apple sur le mobile


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