Par , publié le 9 mars 2023

La promesse d’Elon Musk semblait déjà très ambitieuse. Elle apparaît désormais bien illusoire. Selon l’agence Reuters, la FDA, l’autorité sanitaire américaine, a en effet rejeté la demande de Neuralink pour tester ses implants cérébraux sur des humains – des tests que le milliardaire a promis de mener d’ici au mois de juin. Des dizaines de problèmes ont été soulevés par le régulateur, comme la fiabilité de la batterie ou la procédure de retrait. La start-up devra aussi prouver que les risques sont limités lors de la pose de la puce, une procédure particulièrement invasive, qui requiert de découper un trou dans le crâne. L’an passé, une association assurait que seulement sept des 23 singes utilisés lors d’essais entre 2017 et 2020 ont survécu.

Soigner Alzheimer – Fondé en toute discrétion à l’été 2016, Neuralink ambitionne de concevoir une interface cerveau-ordinateur, grâce à un petit implant équipé de milliers d’électrodes. Les premiers cas d’usage doivent être médicaux, permettant par exemple de “réparer les lésions cérébrales qui ont fait perdre une capacité cognitive à une personne”, expliquait Elon Musk en 2017. Il citait alors les maladies d’Alzheimer ou de Parkinson. Fin 2022, lors d’un événement présentant les avancées de sa start-up, il a également promis de s’attaquer à la cécité et à la paralysie. Ces promesses peuvent sembler “miraculeuses”, selon le propre aveu du patron de Tesla. Elles suscitent de nombreuses réserves au sein de la communauté scientifique.

Capacités humaines – Elon Musk voit encore plus grand: il promet des utilisations grand public, mais “pas avant 2025”. L’objectif sera alors d’augmenter les capacités humaines. Cela pourrait permettre de contrôler une machine ou de télécharger ses pensées directement sur un ordinateur. Et donc de communiquer avec un autre humain. “Nous n’aurons plus besoin de verbaliser nos pensées”, anticipe le patron de Tesla. Depuis 2017, Neuralink mène des tests sur des singes et des cochons. Mais les progrès sont moins rapides qu’espéré. À plusieurs reprises, Elon Musk a assuré que les essais cliniques sur des humains étaient imminents. Il l’a encore fait fin 2022, alors même que la FDA avait déjà rejeté sa demande. Mais qu’importe, l’entrepreneur souhaite occuper le terrain médiatique.

Promesses inatteignables ? – Les tests humains semblent encore lointains pour Neuralink – même si la FDA a autorisé l’été dernier un premier implant cérébral, qui ne nécessitait pas d’intervention chirurgicale lourde. D’autres promesses apparaissent encore moins atteignables. Ses détracteurs lui reprochent de multiplier les effets d’annonce, survendant des avancées déjà réalisées dans le monde académique. Et faisant miroiter des applications médicales encore beaucoup trop incertaines. Sa dernière intervention n’y déroge pas. Quand la communauté scientifique espère rétablir quelques fonctions basiques, Elon Musk ne voit, lui, pas de “limites pour restaurer le fonctionnement intégral du corps d’une personne dont la moelle épinière a été sectionnée”. 

Pour aller plus loin:
– Neuralink rejette les accusations de maltraitance animale
– Theranos, le procès des excès de la Silicon Valley


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