Par , publié le 23 mars 2023

Habituellement discret, Shou Zi Chew se retrouve ce jeudi sur le devant de la scène à Washington. Le patron de TikTok est en effet auditionné par une commission de la Chambre des représentants, alors qu’un projet de loi pourrait déboucher sur une interdiction de la plateforme de courtes vidéos aux États-Unis. “Je crois fermement que toutes les préoccupations soulevées ont des solutions”, va-t-il indiquer dans sa déclaration préliminaire, qui a déjà été publiée. Après avoir échappé à une vente forcée en 2020, la société tente de rassurer la classe politique américaine, qui s’inquiète des liens présumés de ByteDance, sa maison mère chinoise, avec Pékin. Mais ses propositions pour sécuriser les données américaines n’ont toujours pas convaincu.

Double inquiétude – La plateforme, qui compte désormais 150 millions d’adeptes aux États-Unis, suscite deux inquiétudes. D’abord, une collecte des données des utilisateurs par le gouvernement chinois. Ensuite, de potentielles campagnes d’influence menées par Pékin grâce à l’algorithme de recommandations, par exemple pour influencer une élection. TikTok négocie depuis de longs mois avec le Comité sur les investissements étrangers. La société propose d’héberger les données des utilisateurs américains aux États-Unis dans le cloud d’Oracle. Et d’autoriser des audits indépendants sur son algorithme. Si un accord préliminaire avait été trouvé à l’automne, le dossier est désormais au point mort, en raison notamment des doutes émis par le département de la Justice et le FBI.

Vers une vente forcée ? – Face à cette impasse, l’administration Biden pourrait bien avoir changé de stratégie. La semaine dernière, elle aurait même prévenu TikTok qu’elle allait exiger une vente de l’application, faute de quoi elle serait bannie aux États-Unis. Pour éviter de rencontrer les mêmes déboires juridiques qu’en 2020, des parlementaires ont lancé un projet de loi pour permettre au gouvernement d’interdire des technologies étrangères jugées dangereuses pour la sécurité nationale. Une vente de TikTok ne sera cependant pas si simple, même si ByteDance se résout à ce scénario. Il faudra en effet trouver un acheteur capable de signer un chèque estimé à 50 milliards de dollars, sans susciter l’inquiétude des autorités de la concurrence. Et il faudra aussi obtenir le feu vert de Pékin.

Lobbying des utilisateurs – Pour éviter d’en arriver là, Shou Zi Chew ne va pas seulement tenter de rassurer les parlementaires américains. Ni seulement mettre en avant le nombre de salariés aux États-Unis et le nombre de petites entreprises présentes sur la plateforme. Il prépare déjà une campagne de lobbying, menée par les utilisateurs. Mardi, dans une courte vidéo, il a commencé à les mobiliser, les prévenant que “certains politiques” veulent leur “enlever TikTok”. Et plusieurs influenceurs ont été invités à Washington. C’est probablement sa meilleure carte: l’administration Biden peut-elle vraiment bannir une application si populaire auprès des jeunes, une base importante de son électorat ? “Nous perdrions leur vote”, reconnaît Gina Raimondo, la secrétaire au Commerce.

Pour aller plus loin:
TikTok, une arme d’influence pour Pékin ?
– Les interdictions de TikTok se multiplient en Europe


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