Par , publié le 1 avril 2023

Le début de la fin pour Virgin Orbit ? La semaine dernière, la société spatiale, qui ambitionnait de prendre pied sur le marché des lancements de satellites, a interrompu ses activités, au moins temporairement. Elle a été lâchée par son fondateur, le milliardaire britannique Richard Branson, qui a préféré arrêter les frais après avoir englouti environ un milliard de dollars. Par conséquent, elle va licencier 675 employés, soit 85% de ses effectifs. Seulement 100 salariés seront conservés, pour gérer les affaires courantes en attendant un hypothétique plan de sauvetage. En grandes difficultés depuis l’échec de son dernier lancement début janvier, Virgin Orbit avait besoin d’un apport important de liquidités pour survivre. Mais un accord avec un investisseur, prêt à injecter 200 millions de dollars, n’a pas abouti.

Lancement depuis un 747 – Face à SpaceX et les autres acteurs du secteur, Virgin Orbit se distingue par sa méthode de lancement. Ses fusées LauncherOne ne décollent en effet pas verticalement depuis un pas de tir. Elles sont fixées sous l’aile d’un Boeing 747 modifié, baptisé Cosmic Girl. Puis, larguées à une altitude d’environ 10.000 mètres. Sur le marché des petits satellites, ce modèle devait lui procurer plusieurs avantages. Virgin Orbit devait pouvoir procéder à des lancements partout dans le monde depuis une simple piste, simplifiant grandement une logistique parfois complexe. Cela devait permettre d’éviter l’embouteillage des pas de tir et de limiter les retards liés aux conditions météorologiques. À terme, la société promettait également des tarifs plus compétitifs que ses rivales.

Concurrence – Virgin Orbit revendiquait plusieurs clients majeurs, dont la nouvelle Space Force américaine et l’armée de l’air britannique. Le marché s’annonçait prometteur, alors que l’accès à l’espace a été démocratisé par les progrès technologiques et par la chute des coûts. Jusqu’à 2.000 petits satellites pourraient être lancés chaque année pour répondre aux besoins de communication et d’imagerie. Fin 2021, la société était ainsi valorisée à près de 4 milliards de dollars. Derrière ce chiffre se cachait cependant une situation financière fragile: après une introduction en Bourse qui lui a rapporté deux fois moins qu’espéré, Virgin Orbit était sous-capitalisée par rapport à son burn rate, les liquidités utilisées chaque trimestre. Une situation aggravée par une accumulation de retards.

Cadence de tirs – Après l’échec de son premier vol d’essai en 2020, Virgin Orbit avait ensuite enchaîné quatre lancements réussis. Mais sans jamais parvenir à accélérer ses cadences de tirs. L’an passé, la société n’avait ainsi mené que deux missions, contre une prévision initiale allant de quatre à six. Très loin des douze lancements nécessaires pour atteindre l’équilibre financier. Le coup de grâce a été porté par ce qui devait être un événement historique: les premiers satellites placés en orbite depuis l’Europe de l’Ouest. Menée en janvier depuis le Royaume-Uni, cette mission s’est conclue par une “anomalie” au cours de l’une des dernières phases, ayant empêché la fusée d’atteindre l’orbite de 555 kilomètres à laquelle elle devait déployer neuf petits satellites. L’échec de trop pour Richard Branson.

Pour aller plus loin:
– Après le crash de son lanceur, Blue Origin est à l’arrêt
– L’espace, nouvelle frontière de la French Tech


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