Par , publié le 10 avril 2023

Samsung rentre dans le rang. La semaine dernière, le géant sud-coréen a annoncé qu’il allait réduire “de manière significative” sa production de puces mémoire, un marché touché par une importante crise de surproduction et donc par une baisse continue des prix. Jusqu’à présent, il avait choisi de ne pas réduire la voilure, à l’inverse de ses principaux rivaux, plus petits et moins diversifiés. Fin janvier, ses dirigeants assuraient ainsi qu’il n’y avait pas de raison de changer de cap. Mais depuis, la situation s’est encore détériorée. Au premier trimestre, le repli du chiffre d’affaires de Samsung s’est accéléré et son bénéfice opérationnel a accusé un plongeon spectaculaire: il devrait avoisiner 600 milliards de wons (420 millions d’euros). Cela représente une chute de 96% en un an. Et le plus faible niveau depuis 14 ans.

Division dans le rouge – Surtout connu pour ses appareils grand public, Samsung est aussi un géant des semi-conducteurs. Le conglomérat est notamment leader sur le marché des puces mémoire DRAM, pour les serveurs et les ordinateurs, et NAND, pour les smartphones. Cette division est généralement très rentable, représentant ces dernières années plus de la moitié des profits. Mais elle devrait être tombée dans le rouge au premier trimestre, dont les chiffres complets seront publiés fin avril. Les analystes anticipent une perte opérationnelle de 2,1 billions de wons (1,5 milliard d’euros). Les autres branches souffrent également: leur bénéfice opérationnel cumulé devrait avoir été divisé par deux sur la période. À commencer par la division smartphones, malgré le lancement réussi des derniers Galaxy S23.

Chute des prix – La crise sur le marché des puces mémoire fait suite à deux années fastes pour le secteur, porté par la croissance des ventes de smartphones et le rebond inattendu des ventes d’ordinateurs pendant la crise sanitaire. Après avoir connu des pénuries, les grands fabricants ont alors constitué d’importants stocks de composants… sans anticiper le retournement du marché. L’envolée de l’inflation et les incertitudes macroéconomiques ont en effet provoqué une baisse brutale des ventes: -13% pour les smartphones en 2022, -16% pour les ordinateurs. Les fabricants se retrouvent désormais avec un niveau élevé de stocks et commandent donc beaucoup moins de puces mémoire. Cela se traduit par un plongeon des volumes et des prix, qui ont encore reculé de 20% au premier trimestre.

Investissements – La décision de Samsung de réduire sa production pourrait limiter le déclin tarifaire. Mais les analystes n’attendent pas d’amélioration notable avant la fin de l’année. Pour autant, le groupe a expliqué fin janvier qu’il n’allait pas réduire ses dépenses en capital. En 2022, il a investi 48 billions de wons (34 milliards d’euros), notamment pour accroître ses capacités de production de puces. Il souhaite renforcer son activité de fonderie (fabrication de puces conçues par d’autres), espérant même rattraper le taïwanais TSMC, le leader incontesté du secteur. Dans les puces mémoire, Samsung espère que la poursuite de ses investissements lui permettra d’accroître ses parts de marché lorsque la demande repartira, alors que ses rivaux SK Hynix et Micron ont dû revoir leurs projets à la baisse.

Pour aller plus loin:
– En ouvrant une enquête sur Micron, la Chine riposte aux sanctions américaines
– Pourquoi les ventes de smartphones ont accusé une chute historique


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