Stability AI ne sera pas la première victime du secteur de l’intelligence artificielle générative. En grandes difficultés financières, la start-up britannique a fini par trouver des investisseurs, notamment Sean Parker, l’ancien président de Facebook, et Eric Schmidt, l’ancien patron de Google. Le montant de cette levée de fonds n’a pas été dévoilé, mais la presse américaine affirme qu’elle se chiffre à 80 millions de dollars. Dans le cadre de cette opération, Stability a aussi nommé un nouveau directeur général, qui prend la suite du fondateur Emad Mostaque, poussé vers la sortie. Selon le Wall Street Journal, elle a également conclu un accord avec des fournisseurs, dont très probablement Amazon Web Services, pour effacer 100 millions de dollars de factures impayées, et pour réduire de 300 millions ses engagements de dépenses.
Besoin de trésorerie – Cette issue favorable intervient trois mois après le départ d’Emad Mostaque, précipité par un de conflit larvé avec le fonds américain Coatue. Et par une situation financière très préoccupante, après l’échec l’an passé d’une levée de fonds qui aurait dû lui permettre de disposer de ressources suffisantes pour financer sa stratégie de croissance. Fondée en 2019 à Londres, Stability a longtemps été l’une des start-up vedette de l’IA générative, avec son générateur d’images Stable Diffusion. Fin 2022, elle avait ainsi recueilli 100 millions de dollars, sur la base d’une valorisation d’un milliard. Depuis, pourtant, les investisseurs ne se bousculaient plus. Sa trésorerie avait donc fondu. Pour payer ses factures, la start-up avait dû se rabattre, il y a un an, sur des prêts convertibles en actions.
Vague de départs – Ces difficultés à lever des fonds pouvaient s’expliquer par une concurrence féroce de la part du laboratoire de recherche américain Midjourney, qui permet de réaliser des images photoréalistes impressionnantes, et de DALL-E, développé par la richissime start-up américaine OpenAI, également à l’origine de ChatGPT. Elles pouvaient aussi provenir des deux procédures judiciaires lancées par un groupe d’artistes et par la grande banque d’images Getty, qui l’accusent d’avoir violé leur propriété intellectuelle pour entraîner le modèle d’IA alimentant Stable Diffusion. La crise couvait aussi en interne. Depuis un an, de nombreux employés ont quitté l’entreprise, notamment le directeur opérationnel et le directeur de la recherche. Au printemps, trois de ses principaux chercheurs se sont ajoutés à cette longue liste.
Nouveau chapitre – Mais l’élément central semblait être la personnalité de son patron. Et ses multiples exagérations et mensonges, notamment autour de la propriété intellectuelle de son modèle, en réalité conçu par une université allemande. Sans Emad Mostaque à sa tête, Stability va pouvoir ouvrir un nouveau chapitre. Mais sa situation financière reste fragile, compte tenu de ses coûts. La nouvelle direction promet désormais “d’accélérer la croissance”. La start-up a déjà entamé une diversification de son activité, lançant des modèles capables de générer du texte, du code et des vidéos. Elle va aussi certainement mettre l’accent sur la monétisation, en particulier auprès des entreprises, un sujet qui ne semblait pas trop intéresser son fondateur. Sean Parker assure cependant ne pas vouloir revenir sur le choix de l’open source.
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