Par , publié le 27 juin 2024

Dans les allées de Vivatech, une douce euphorie commençait à regagner les acteurs de la French Tech. Après deux années difficiles, marquées par une chute des levées de fonds, des plans sociaux et des faillites, l’émergence de l’intelligence artificielle générative semblait avoir créé un nouvel élan, salué par Emmanuel Macron, qui pour la première fois depuis son élection n’avait pas fait le déplacement sur le salon. C’était il y a seulement un mois. Une éternité déjà ! Depuis, la dissolution de l’Assemblée nationale, les élections législatives anticipées, dont le premier tour se tient ce dimanche, et la perspective d’un probable changement de majorité suscitent de vives inquiétudes au sein de l’écosystème tricolore. Une peur du vide, qui succéderait à des années de soutien et d’investissements publics.

Investissements étrangers – La “start-up nation” redoute ainsi une baisse des financements publics. Par l’intermédiaire de plans d’investissement, comme le récent France 2030, ou de la mobilisation de capitaux privés sous l’égide de l’État, comme les initiatives Tibi. Mais aussi par l’intermédiaire de Bpifrance, acteur essentiel dans de nombreux tours de table. L’impact pourrait être encore plus marqué pour les fonds étrangers, incontournables pour les levées se chiffrant en dizaines ou en centaines de millions. Certains craignent les propositions économiques du Nouveau Front Populaire. Et tous s’opposent à la volonté du Rassemblement National de contrôler les investissements étrangers. “Je ne vois pas un seul fonds de capital-risque international continuer à investir en France”, anticipe un responsable d’une grande start-up.

Recrutement – L’autre grande crainte des entrepreneurs porte sur de potentielles restrictions de l’immigration. “Il n’est pas souhaitable d’interdire l’immigration légale de talents venant travailler dans des entreprises qui subissent des pénuries de main-d’œuvre”, souligne Maya Noel, qui dirige le lobby France Digitale. Et de rappeler que 20% des start-up ont recours au French Tech Visa, destiné aux ingénieurs et aux entrepreneurs. Et même sans mesure d’interdiction drastique, la French Tech redoute d’être moins attractive dans une compétition internationale accrue pour retenir ou attirer les meilleurs talents. Moins médiatique, l’obligation d’héberger les données sur des clouds français, proposée par le RN, inquiète également. “Impossible pour des entreprises très présentes à l’étranger”, estime le responsable de start-up.

Discuter avec le RN ? – Cette proposition est cependant bien accueillie par une petite partie de la French Tech, qui estime que la souveraineté numérique n’est pas assez mise en avant. Et qui pourrait tirer profit d’une victoire de l’extrême droite. Malgré les craintes d’un gouvernement dirigé par les “extrêmes”, peu de personnalités de l’écosystème se sont exprimées publiquement. Il y a bien eu une tribune publiée par Maya Noel dans Les Échos, appelant la France à ne “pas se replier sur elle-même”. Ou encore un message de Philippe Corot, le patron de Mirakl, pour dénoncer “le repli et la fermeture”. Mais “les autres souhaitent se laisser la possibilité de travailler avec une potentielle majorité”, poursuit notre interlocuteur. Pour beaucoup, la question de discuter avec un potentiel gouvernement RN pourrait rapidement se poser.

Pour aller plus loin:
La French Tech veut croire à un rebond en 2024
– La French Tech n’échappe plus à la vague de licenciements


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