Par , publié le 4 septembre 2024

Il y a vingt-cinq ans, Intel avait été l’une des deux premières entreprises technologiques à rejoindre l’indice Dow Jones. En chute libre depuis le début de l’année, son action est désormais menacée d’en être exclue. Cela représenterait une humiliation pour le fabricant américain de processeurs, dont la capitalisation boursière est tombée sous la barre des 100 milliards de dollars. Mais aussi le symbole de son inexorable déclin et de l’échec de l’ambitieux plan de relance présenté il y a trois ans, peu après l’arrivée à sa tête de Pat Gelsinger, qui ne peut désormais que constater les dégâts. En août, après avoir perdu deux milliards de dollars en six mois, Intel a ainsi annoncé un vaste programme d’économies, prévoyant notamment plus de 15.000 suppressions de postes. Un plan de sauvetage doit être présenté courant septembre.

Investissements – En 2021, Intel se voulait optimiste. Le géant de Santa Clara restait sur deux ratés majeurs. Il n’avait pas anticipé le virage du mobile, laissant le champ libre à l’architecture Arm. Et il n’avait pas misé sur la lithographie par rayonnement ultraviolet extrême, conçue par le néerlandais ASML, prenant un énorme retard sur les gravures les plus fines. Pour repartir de l’avant, Pat Gelsinger n’a pas hésité à remettre en cause le modèle historique d’intégration verticale, dépassé par le modèle de sous-traitance dit “fabless”. Un tiers des puces maison ne sont plus gravées en interne, afin de gagner en performance. Et Intel fabrique des composants conçus par d’autres, comme Microsoft. Pour mettre en place cette stratégie, la société promettait d’investir massivement dans la construction de nouvelles usines.

Pas de scission – Les résultats ne sont cependant pas au rendez-vous. Le chiffre d’affaires a continué de reculer. Et sa nouvelle activité de fonderie tarde à décoller. Face à ces difficultés, Intel s’est déjà engagé à réduire fortement ses investissements. Des mesures plus drastiques vont être prises. Selon l’agence Reuters, ses dirigeants pourraient proposer de vendre la filiale Altera, rachetée en 2015 et spécialisée dans les composants reprogrammables. Une opération qui pourrait rapporter jusqu’à 20 milliards de dollars, prédisent les analystes. Intel pourrait aussi mettre en pause, voire abandonner, son projet de méga-usine européenne, dont les coûts de construction sont estimés à 30 milliards d’euros. Il n’est en revanche pas encore question de scinder la société en deux entités, comme le réclament certains investisseurs.

Motifs d’espoir ? – Pour éviter ce scénario, Pat Gelsinger pourra mettre en avant quelques motifs d’espoir. En juin, lors du grand salon informatique Computex, le groupe a multiplié les annonces de nouveaux produits. Il espère profiter, à son tour, de l’essor de l’intelligence artificielle générative. D’abord, par l’intermédiaire de son prochain GPU, baptisé Gaudi 3, pour lequel il a choisi de se montrer très agressif, avec des tarifs environ trois fois moins élevés que les cartes graphiques H100 de Nvidia, la référence actuelle dans le domaine. Ensuite, grâce à sa nouvelle architecture Lunar Lake, sur laquelle seront basés ses futurs processeurs pour PC, pouvant faire tourner en local des modèles d’IA. L’hypothèse d’une scission n’est cependant pas à écarter si la situation d’Intel ne s’améliore pas… rapidement.

Pour aller plus loin:
– Distancé dans l’IA, Intel ne baisse pas les bras
– Pour relancer les ventes, Microsoft lance des PC optimisés pour l’IA


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