L’opération serait historique sur le marché des semi-conducteurs. En grandes difficultés depuis plusieurs années, Intel aurait été approché par Qualcomm en vue d’un rachat, selon des informations du Wall Street Journal, confirmées depuis par d’autres médias américains. L’acquisition pourrait être la plus importante jamais menée dans la tech, au-delà de la barre symbolique des 100 milliards de dollars. Pour le moment, les pourparlers restent à une phase préliminaire. Et rien ne dit que le conseil d’administration du groupe de Santa Clara soit prêt à accepter une offre de rachat, alors qu’un plan de sauvetage vient d’être présenté par son directeur général Pat Gelsinger. Mais la simple hypothèse que l’ancien roi des processeurs, un temps valorisé à 500 milliards, se fasse avaler symbolise un changement d’ère.
Plan de relance – Fondé en 1968, Intel a longtemps régné sur le marché des processeurs grâce à son alliance avec Microsoft sur les ordinateurs et serveurs. Mais la société a raté le virage des smartphones, supplantée par Qualcomm. Et elle a été dépassée par l’essor du modèle de sous-traitance dit fabless, c’est-à-dire sans usine. D’autant plus qu’elle a pris du retard sur les gravures les plus fines, perfectionnées par le fondeur taïwanais TSMC. Arrivé aux manettes en 2021, Pat Gelsinger espérait relancer Intel en remettant en cause le modèle historique d’intégration verticale et en investissant dans de nouvelles usines. Mais ce plan tarde à porter ses fruits. Le chiffre d’affaires stagne et les comptes sont passés dans le rouge, avec une perte de deux milliards de dollars au premier semestre. En août, Intel a annoncé plus de 15.000 licenciements.
Synergies – Ces difficultés aiguisent l’appétit de Qualcomm. Mais un rachat de l’intégralité d’Intel laisse perplexe de nombreux d’experts. Certes, les deux entreprises sont fortes sur des marchés différents: les ordinateurs et les data centers pour Intel, les smartphones et l’automobile pour Qualcomm. Mais leurs modèles sont très différents. Le premier utilise une architecture propriétaire quand le second utilise l’architecture Arm. Le premier possède ses propres usines quand le second est fabless. Certes, Qualcomm tente de percer sur le marché du PC, en partenariat avec Microsoft. Certes, posséder des lignes de production pourrait représenter un avantage. Mais le groupe hériterait aussi des mêmes problèmes qui plombent Intel depuis des années, sans grands espoirs de synergies et sans expertises internes pour les résoudre.
Antitrust – En outre, une offre de rachat ferait peser un important risque réglementaire. Aux États-Unis, en Europe, au Royaume-Uni ou encore en Chine, les autorités de la concurrence n’ont pas hésité à bloquer plusieurs opérations d’envergure dans le secteur des semi-conducteurs, même lorsqu’il s’agissait, comme dans le cas de Qualcomm et d’Intel, d’une consolidation horizontale. Pour obtenir leur feu vert, l’acheteur pourrait proposer de céder certains actifs. Mais cela complexifierait encore davantage l’opération. Il semble ainsi envisageable que Qualcomm ne cherche à mettre la main que sur certaines parties du groupe, comme sa division de design de processeurs PC. De son côté, Intel semble plus enclin à privilégier l’entrée de nouveaux investisseurs dans sa branche fonderie, désormais nichée dans une filiale indépendante.
Pour aller plus loin:
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