Présentés en grande pompe au printemps par Microsoft, les “PC IA” n’ont pas bouleversé le marché. Et pour cause: leurs fonctionnalités d’intelligence artificielle générative, qui constituent leur principal argument marketing, sont encore extrêmement limitées, voire complètement gadgets. Mardi, le concepteur de Windows a donc introduit de nouveaux outils pour susciter l’intérêt des acheteurs. Il s’agit notamment d’une barre d’outils interactive qui s’adapte au contenu affiché à l’écran, de la possibilité d’augmenter la résolution d’une photo ou encore d’éditer un cliché avec de l’IA. Microsoft va aussi déployer sa fonctionnalité Recall, un historique géant de tout ce qui a été vu ou fait, permettant de retrouver facilement des informations. Son lancement avait été repoussé en raison de craintes sur la protection des données.
IA en local – Officiellement appelées PC Copilot+, ces machines doivent marquer deux ruptures. D’abord, créer des fonctionnalités d’IA générative qui tournent au niveau du système d’exploitation, et plus seulement au niveau des applications. Cette évolution s’annonce cependant lente car de grands éditeurs de logiciel rechignent encore à y participer, privilégiant leurs propres solutions, qui sont le plus souvent payantes. Ensuite, faire tourner les modèles d’intelligence artificielle localement, c’est-à-dire sans aller chercher de la puissance de calcul sur une plateforme de cloud. Ce changement, qui repose sur une nouvelle puce conçue par Qualcomm, est crucial. Il doit permettre de bâtir des applications fonctionnant hors connexion, et surtout ne générant plus de coûts d’inférence, dont la facture peut rapidement grimper.
Relancer les ventes – L’IA représente potentiellement une innovation majeure sur un secteur qui en manque cruellement. Les fabricants d’ordinateurs, comme ceux de smartphones, comptent donc énormément sur ces nouveaux appareils pour accélérer le rebond des ventes, après deux années de chute brutale. Et aussi pour augmenter le prix de vente moyen de 10 à 15%, selon les prédictions du cabinet Canalys. Microsoft estime que 50 millions de PC Copilot+ devraient être vendus en un an, soit environ 20% du marché. L’adoption devrait d’abord être tirée par les entreprises, d’autant plus que beaucoup d’entre elles commencent à remplacer les appareils achetés pendant la pandémie, et doivent anticiper la fin du support de Windows 10. Les analystes d’IDC se montrent moins optimistes, tablant sur 12% des ventes de PC l’an prochain.
Quels usages ? – Pour faire tourner ces services d’IA en local, Microsoft a choisi de basculer vers l’architecture ARM. Une révolution qui met fin au monopole des processeurs x86, cadenassés par Intel et AMD. Mais qui peut représenter un frein pour les entreprises, en raison de potentiels soucis de compatibilité logicielle. Ce problème devrait être résolu d’ici à la fin de l’année avec de nouveaux PC Copilot+ équipés par Intel et AMD. Restera alors un challenge de taille: démontrer l’intérêt de ces ordinateurs pour les utilisateurs, surtout s’ils sont vendus plus cher que des modèles classiques. Analyste chez IDC, Jitesh Ubrani note notamment “l’absence de cas d’utilisation bien définis dans les entreprises”. Et il prévient qu’il faudra “expliquer les avantages de l’IA embarquée par rapport aux solutions cloud”.
Pour aller plus loin:
– Après deux années de chute, le marché du PC renoue avec la croissance
– Nvidia ambitionne de concurrencer Intel sur le marché des CPU