Par , publié le 16 octobre 2024

Depuis plusieurs années, Google compense les émissions de CO2 de ses data centers en achetant de l’électricité solaire et éolienne. Mais devant l’explosion de sa consommation, pour alimenter ses ambitions dans l’intelligence artificielle générative, le moteur de recherche mise désormais sur le nucléaire. Lundi, il a officialisé un accord avec la start-up américaine Kairos Power, pour acheter l’électricité produite par ses futurs réacteurs modulaires. Suivant la même logique, Microsoft s’est associé, fin septembre, avec le géant de l’énergie Constellation afin de relancer la production dans la centrale, tristement célèbre, de Three Mile Island, interrompue en 2019 faute de modèle économique viable. Et Amazon prévoit de bâtir jusqu’à quinze centres de données, directement connectés à une autre centrale nucléaire.

Data centers géants – L’entraînement et le fonctionnement des modèles d’IA générative nécessitent une importante puissance de calcul, aujourd’hui presque intégralement apportée par des plateformes de cloud. Cela se traduit par une utilisation encore plus intensive de data centers de plus en plus nombreux. Et de plus en plus gros. Pour satisfaire cette demande, Google, Microsoft et Amazon investissent plusieurs dizaines de milliards de dollars par an dans leur infrastructure informatique. Celle-ci a besoin de beaucoup d’électricité, à la fois pour faire tourner les serveurs que pour les refroidir. Sam Altman, le patron d’OpenAI, milite pour la construction de gigantesques data centers, qui auraient besoin de la production de trois à cinq réacteurs nucléaires, soit l’équivalent d’une ville de trois millions d’habitants.

Centrales à charbon – Si des progrès ont été réalisés pour réduire la consommation des centres de données, ils ne sont pas suffisants pour compenser la hausse de leur activité. D’ici à 2030, ces sites pourraient ainsi représenter plus de 10% de la consommation électrique aux États-Unis, contre 3 à 4% aujourd’hui. Dans certains pays, ils représentent déjà un défi majeur pour les réseaux. C’est le cas notamment en Irlande, où ils utilisent déjà plus d’électricité que l’ensemble des ménages. C’est aussi le cas de quelques États américains. Ces problèmes devraient être accentués par l’électrification en cours des transports et de l’industrie. Pour y faire face, le développement des énergies renouvelables ne suffit pas. L’essor de l’IA fait ainsi perdurer, voire fait augmenter, la production des centrales à gaz et à charbon.

Neutralité carbone – Ces évolutions vont à l’encontre des objectifs climatiques des trois géants américains du cloud. Au lieu de baisser, leurs émissions carbone n’ont en effet cessé de grimper ces dernières années. Et elles devraient logiquement continuer dans cette direction. Or, Google et Microsoft ont annoncé vouloir atteindre la neutralité carbone d’ici à 2030. Amazon ambitionne d’y parvenir d’ici à 2040. Officiellement, ces objectifs restent d’actualité. Mais ils apparaissent de moins en moins crédibles. Pour les atteindre, les trois sociétés ont multiplié les achats de certificats d’énergie renouvelable. Ils ont aussi conclu des contrats d’achat d’électricité avec des producteurs renouvelables. Ils espèrent désormais aller plus loin avec le nucléaire, même si l’impact sur leur bilan carbone prendra du temps à se matérialiser.

Pour aller plus loin:
– Comment la course aux profits s’est imposée dans l’intelligence artificielle
– Nvidia bientôt rattrapé par la fin de l’euphorie autour de l’IA générative ?


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