Par , publié le 6 novembre 2024

Quinze ans après les premiers kilomètres parcourus, les Google Car ne sont plus seulement un projet de recherche. Elles sont désormais au cœur d’un réseau de robots-taxis qui réalise 150.000 trajets payants par semaine aux États-Unis. Pour accélérer encore davantage – et peut-être anticiper l’arrivée de nouveaux concurrents, comme Tesla -, Waymo a officialisé fin octobre une gigantesque levée de fonds, d’un montant de 5,6 milliards de dollars. Cette somme s’ajoute aux près de six milliards déjà récoltés depuis 2020. Une partie est apportée par Google, qui s’est engagé cet été à réinjecter cinq milliards de plus dans sa filiale sur plusieurs années. Le reste vient de grands fonds d’investissement, permettant au moteur de recherche de ne pas assumer seul les coûts et les risques liés au développement des voitures autonomes.

Enquête – Ces montants spectaculaires sont à la hauteur des enjeux technologiques. D’importants progrès ont certes été réalisés, mais ils n’ont pas été aussi rapides qu’espéré. Des concurrents de Waymo ont ainsi dû jeter l’éponge, faute de financements. Lancée dès 2009 comme un moonshot au sein du laboratoire Google X, la société est considérée comme l’acteur le plus avancé dans la conduite autonome. Fin 2023, elle revendiquait 11,5 millions de kilomètres parcourus sans la présence d’un opérateur pour reprendre le contrôle en cas de besoin. Et seulement trois accidents ayant causé des blessures mineures. Un taux sept fois inférieur à la conduite humaine, assurait-elle. En mai, la sécurité routière américaine a cependant ouvert une enquête portant sur 31 incidents, comme une circulation à contresens ou des collisions avec des objets.

Cinq villes – Waymo a déjà lancé son service de robots-taxis à San Francisco, Los Angeles et Phoenix, où elle ne cesse d’augmenter sa zone de couverture. Ses voitures peuvent désormais transporter des clients sur les autoroutes, ce qui permet de réduire les temps de trajet pour certaines courses. Malgré des tarifs parfois plus élevés qu’un VTC avec chauffeur, la plateforme connaît une croissance très rapide: depuis mai, le nombre hebdomadaire de trajets payants a été multiplié par trois. Début 2025, ses taxis seront déployés à Atlanta et à Austin, en partenariat avec Uber. Waymo explique poursuivre le développement de son logiciel, dont la sixième génération a été dévoilée en août. Et souhaite lancer des tests dans des “environnements plus complexes”, comme les rues de New York ou celles de Buffalo, notamment en hiver.

Nouvelle approche – Pour améliorer la conduite autonome, Waymo étudie d’autres options technologiques. En particulier, un modèle multimodal de bout en bout, s’appuyant sur Gemini, l’IA générative de Google. Celui-ci peut analyser les images captées par des caméras pour les transformer en trajectoire à suivre. Il diffère du système actuel, qui s’appuie sur des modules distincts gérant la cartographie, la perception ou la planification. Waymo estime que cette nouvelle approche, également suivie par Tesla, pourrait permettre d’imiter le raisonnement humain. Et ainsi de s’adapter plus facilement à de nouvelles situations. Elle présente cependant un handicap important: elle n’est pas compatible avec le lidar, un système de laser qui cartographie l’environnement, que la filiale de Google considère comme indispensable – contrairement à Tesla.

Pour aller plus loin:
– Tesla présente le Cybercab, son projet de robot-taxi… sans lever les doutes
– Apple abandonne son projet de voiture électrique autonome


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