Par , publié le 12 novembre 2024

À défaut d’être l’acteur européen le plus prometteur dans l’intelligence artificielle générative, LightOn pourra se vanter d’être le premier à entrer en Bourse. Vendredi, la société française a officiellement lancé son processus d’introduction sur le marché parisien d’Euronext Growth, destiné aux petites et moyennes entreprises. L’opération doit avoir lieu d’ici à la fin du mois. Elle pourrait lui permettre de récolter entre 10 et 13 millions d’euros, sur la base d’une valorisation, elle aussi très modeste, de 50 millions. En suivant cette voie, LightOn s’inscrit à contre-courant des start-up du secteur, qui ne rencontrent pas de grandes difficultés à lever beaucoup d’argent auprès de fonds de capital-risque. “C’est une opportunité de croissance et de notoriété”, justifie Laurent Daudet, son cofondateur et directeur général.

Boîte à outils – Fondée en 2016, LightOn ambitionnait au départ de concevoir un processeur photonique, permettant d’accélérer les calculs grâce à des ondes lumineuses. Mais la société a pivoté vers l’IA quatre ans plus tard après le lancement de GPT-3, le grand modèle de langage d’OpenAI à l’origine de ChatGPT. Elle propose deux services. Le premier, appelé Forge, permet aux entreprises de créer leurs propres modèles ou d’ajuster (fine tuning) des modèles existants. Le second, baptisé Paradigm, est au cœur de sa nouvelle stratégie commerciale. Il permet de déployer rapidement plusieurs outils d’IA, alimentés par des documents internes. Par exemple, des fonctionnalités de résumé, d’extraction de données ou de recherche. LightOn souhaite aussi permettre à ses clients de créer leur propre agent d’IA pour assister leurs employés.

40 millions d’euros – La start-up revendique quelques clients majeurs, comme le groupe aéronautique Safran, la région Ile-de-France ou le CNES. L’an passé, elle a réalisé un chiffre d’affaires de 8 millions d’euros. Mais celui-ci ne s’est élevé qu’à 600.000 euros au premier semestre 2024, en raison de la transition vers Paradigm, explique-t-elle. Surfant sur l’intérêt pour l’IA, ses dirigeants estiment pouvoir afficher un rythme de croissance élevé. Ils visent 40 millions de recettes en 2027, date à laquelle ils espèrent atteindre la rentabilité. Pour remplir leurs objectifs, ils comptent sur de nouveaux marchés, d’abord en Europe et au Moyen Orient. Et surtout sur des partenariats de distribution avec Hewlett Packard Enterprise et Orange Business. En 2027, ces ventes indirectes doivent représenter deux tiers du chiffre d’affaires.

Pari risqué – Le pari de LightOn reste cependant risqué. Certes, l’IA générative est au centre de toutes les attentions, mais la place boursière parisienne n’est pas réputée pour être particulièrement accueillante pour les start-up technologiques. Et encore moins quand elles ne sont pas encore rentables. Vedette de la French Tech, OVHcloud, Deezer et Believe connaissent ainsi un parcours boursier difficile. Sur un secteur qui affole les compteurs, la société pourrait, en plus, être pénalisée par sa petite taille, laissant planer le doute sur sa capacité à rivaliser avec les géants de l’IA. D’autant que cette opération donne l’impression d’être la conséquence de son incapacité à lever des fonds auprès des acteurs du capital-risque. Et que les multiples de valorisation visés sont élevés: neuf fois le revenu annuel récurrent espéré en 2025.

Pour aller plus loin:
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