Par , publié le 14 novembre 2024

Les lunettes présentées mardi par Baidu ne seront probablement jamais commercialisées sur les marchés occidentaux. Mais elles symbolisent le nouvel appétit des géants de la tech pour ce marché, qu’ils ont longtemps ignoré mais sur lequel ils espèrent prendre pied grâce aux progrès de l’intelligence artificielle générative. Elles témoignent aussi de l’intérêt grandissant des consommateurs. Sept ans après le lancement d’un premier modèle par Snapchat, les lunettes connectées (ou intelligentes) connaissent en effet un premier succès commercial majeur: les Ray-Ban Meta. “C’est une véritable success story et pas seulement aux États-Unis”, se félicitait en octobre le directeur financier d’EssilorLuxottica, le propriétaire de la célèbre marque, qui vient de prolonger son partenariat avec la maison mère de Facebook et d’Instagram au-delà de 2030.

Multiples échecs – Les lunettes connectées permettent de prendre des photos, d’enregistrer des vidéos ou encore de passer un appel. L’idée est de permettre de capter des moments de vie sans avoir à sortir un smartphone. Les débuts ont pourtant été très difficiles. Pionnier avec les Spectacles, Snapchat a multiplié les échecs. L’application au fantôme jaune n’avait, par exemple, vendu que 200.000 exemplaires de son premier modèle, sur les 500.000 qu’elle avait fait produire. Elle avait fini par jeter l’éponge. Il a fallu attendre trois ans avant que Facebook ne tente sa chance, en s’associant avec Ray-Ban. Ses premières lunettes, baptisées Stories, ressemblaient ainsi aux montures traditionnelles. Et proposaient plusieurs types de verres (correcteurs, solaires, polarisants…). Mais elles ne se seraient vendues qu’à 300.000 unités.

Intégration de l’IA – La tendance a commencé à s’inverser fin 2023, avec la sortie d’une deuxième version plus fine et légère, équipée d’une meilleure caméra et de meilleurs hauts-parleurs. Celle-ci permet également de diffuser un flux vidéo en direct sur Facebook ou Instagram. Début 2024, Mark Zuckerberg assurait que les performances commerciales allaient “au-delà” de ce qu’il avait anticipé. Sans communiquer de chiffres précis, EssilorLuxottica soulignait au printemps que les ventes avaient déjà dépassé celles du premier modèle. L’intérêt semble avoir été décuplé après l’intégration en avril de Meta AI, un assistant dopé à l’IA générative. Les utilisateurs peuvent ainsi poser des questions sur ce que la caméra capture. Et de nouvelles fonctionnalités arrivent, comme la traduction automatique d’une conversation.

“Format parfait” – Cela fait des années que Mark Zuckerberg prédit que les lunettes remplaceront progressivement les smartphones. L’essor de l’IA générative pourrait accélérer cette transition, avant même l’arrivée tant attendue par le milliardaire de la réalité augmentée. Les lunettes sont “le format parfait pour l’IA”, avance-t-il. Il n’est plus le seul à le penser. Dans sa présentation, Baidu a ainsi insisté sur l’intégration de son robot conversationnel Ernie. Son compatriote Xiaomi devrait, lui aussi, commercialiser l’an prochain des lunettes connectées, équipées d’une IA. Tout comme ByteDance, la maison mère de TikTok. Selon l’agence Bloomberg, Apple réfléchit également à se lancer plus rapidement que prévu sur ce marché, sans attendre que des progrès technologiques permettent de sortir des lunettes de réalité augmentée.

Pour aller plus loin:
– Après le flop de l’AI Pin, la start-up Humane cherche un repreneur
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