Depuis plusieurs mois, l’industrie du PC promet un rebond du marché, porté notamment par l’arrivée de modèles optimisés pour l’intelligence artificielle générative. Mais cet optimisme ne se matérialise toujours pas. Cette semaine, HP et Dell ont ainsi publié des résultats trimestriels décevants. Une croissance, en valeur, de 2% des ventes d’ordinateurs pour le premier. Et un repli de 1% pour le second. Si leurs dirigeants affichent encore leur confiance, ces mauvais chiffres ont été lourdement sanctionnés à Wall Street. Les deux marques américaines ne sont pas les seules concernées. Au troisième trimestre, le nombre de PC vendus dans le monde a baissé de 2,4%, selon les estimations du cabinet Gartner, qui table sur une progression à un chiffre en 2025. À condition cependant que le climat géopolitique ne se détériore pas…
Cycle de remplacement – Fin mars, l’optimisme était pourtant de mise. Le marché avait enfin renoué avec la croissance. Une croissance très modeste mais qui faisait suite à deux années de forte chute des ventes. Surtout, plusieurs éléments étaient considérés comme encourageants. La situation économique s’était améliorée. Les distributeurs avaient réduit leurs stocks excédentaires, qui les poussaient à abaisser leurs commandes auprès des fabricants. Et le cycle de remplacement du parc devait s’accélérer, alors que les entreprises commençaient à changer les ordinateurs achetés pendant la pandémie. D’autant plus que l’arrêt annoncé du support de Windows 10 devait précipiter une transition vers Windows 11. Enfin, les “PC IA” devaient représenter une innovation majeure sur un secteur qui en manque cruellement depuis des années.
IA en local – “Le cycle de renouvellement des PC se reporte à l’année prochaine”, reconnaît désormais Yvonne McGill, la directrice financière de Dell. Chez HP, le directeur général Enrique Lores regrette, lui, que le déploiement de Windows 11 “s’accélère plus lentement” que les précédents passages de témoin. Les deux dirigeants y voient cependant des signes positifs pour 2025. Tous deux continuent à croire à l’impact positif des “PC IA”, officiellement appelés PC Copilot+ par Microsoft. Ces nouvelles machines doivent marquer deux ruptures. D’abord, créer des fonctionnalités d’IA générative au niveau du système d’exploitation, et plus seulement au niveau des applications. Ensuite, faire tourner certains modèles d’IA localement, c’est-à-dire sans aller chercher de la puissance de calcul sur une plateforme de cloud.
Quels usages ? – Selon Enrique Lores, ces PC représenteront 25% des ventes chez HP en 2025. Mais cela ne signifie pas forcément des ventes additionnelles qui n’auraient pas eu lieu sans les fonctionnalités d’IA. Celles-ci restent en effet extrêmement limitées, voire complètement gadgets. Jitesh Ubrani, analyste chez IDC, note ainsi une “absence de cas d’utilisation bien définis dans les entreprises”. Et il prévient qu’il faudra “expliquer les avantages de l’IA embarquée par rapport aux solutions cloud” utilisées aujourd’hui. Le principal argument marketing de ces ordinateurs n’est d’ailleurs pas l’IA. Mais leur processeur Qualcomm, bâti sur l’architecture ARM – une révolution –, qui offre de meilleures performances. Mais c’est aussi un frein pour les entreprises, en raison de potentiels soucis de compatibilité logicielle.
Pour aller plus loin:
– Microsoft cherche à susciter l’intérêt pour ses PC optimisés pour l’IA
– Nvidia ambitionne de concurrencer Intel sur le marché des CPU