Par , publié le 3 décembre 2024

Avant de passer la main fin janvier, l’administration Biden a imposé lundi de nouvelles restrictions d’exportation visant l’industrie chinoise des semi-conducteurs. La justification est toujours la même: “affaiblir la capacité” de Pékin à fabriquer des puces avancées pouvant servir à sa “modernisation militaire”, explique Gina Raimondo, la secrétaire du Commerce. Cette nouvelle vague de sanctions vise d’abord à refermer certaines failles des mesures déjà en vigueur. Et elle s’étend à de nouveaux secteurs, en particulier les puces mémoires à large bande passante (HBM), désormais indispensables pour entraîner et faire tourner les grands modèles d’intelligence artificielle générative. Certains observateurs regrettent cependant que leur portée ait été revue à la baisse, sous la pression notamment d’industriels américains.

Puces d’IA – Les premières restrictions de Washington ont été imposées en octobre 2022. Elles cherchaient à limiter l’exportation vers la Chine des puces les plus avancées, dont celles utilisées dans l’IA, et des équipements nécessaires à leur production. L’an passé, elles ont été renforcées, refermant notamment une brèche dans laquelle s’était engouffré Nvidia pour les contourner. Et elles ont été élargies à une quarantaine de pays susceptibles de servir d’intermédiaires. Les États-Unis ont aussi convaincu les Pays-Bas et le Japon de s’aligner. Face à ces mesures, la Chine redouble d’efforts. En mai, elle a annoncé un plan d’investissements, le troisième en dix ans, d’un montant de 344 milliards de yuans (45 milliards d’euros). Objectif: concevoir ses propres équipements, devant prendre le relais des technologies étrangères.

Extraterritorialité renforcée – Pour contrecarrer les ambitions chinoises, Washington a placé environ 140 fabricants d’équipements et producteurs de puces sur son Entity list, une liste noire qui leur interdit toute relation commerciale avec des groupes américains. Mais plusieurs experts soulignent que des sociétés suspectées de collaborer avec Huawei ou avec le fondeur SMIC ne sont pas touchées. Les États-Unis ont aussi interdit l’exportation de nouveaux machines et logiciels de conception. En outre, la règle d’extraterritorialité a été étendue. Les sanctions s’appliqueront ainsi aux entreprises étrangères dès lors qu’elles utilisent une technologie américaine – précédemment un seuil de 25% avait été fixé. Les Pays-Bas et le Japon ont obtenu une exemption, mais ils pourraient mettre en place des restrictions similaires.

Mémoires HBM – Enfin, l’administration américaine veut empêcher la Chine de mettre la main sur des mémoires HBM. Trois acteurs dominent ce marché: le sud-coréen SK Hynix, le plus avancé, son compatriote Samsung et l’américain Micron. En raison de leur extraterritorialité, les nouvelles restrictions de Washington s’appliqueront aussi aux deux groupes asiatiques. Ces derniers mois, plusieurs entreprises chinoises s’étaient cependant préparées à cette interdiction, multipliant les achats de puces pour se constituer des stocks importants. À plus long terme, elles espèrent pouvoir se fournir auprès de producteurs locaux. Si Yangtze Memory est sanctionné depuis fin 2022, ce n’est pas le cas de ChangXin Memory. Désormais considéré comme l’acteur chinois le plus avancé dans les mémoires HBM, celui-ci a encore été oublié par Washington.

Pour aller plus loin:
– Sociétés écrans et usines fantômes: comment Huawei déjoue les sanctions américaines
– Malgré des progrès, la Chine reste très en retard sur les machines de lithographie


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