Apple touche au but. Après plusieurs années de retard, le groupe à la pomme va enfin commencer à s’émanciper de Qualcomm. Selon l’agence Bloomberg, il se prépare en effet à déployer son propre modem 5G l’an prochain. Celui-ci sera d’abord intégré au futur iPhone SE, son modèle d’entrée de gamme, et aux iPad premiers prix. L’arrivée au sein des modèles premium est espérée pour l’automne 2026, avec la gamme d’iPhone 18. Elle se poursuivra l’année suivante avec les iPad les plus puissants. Cette montée en puissance doit coïncider avec le lancement d’une deuxième puis d’une troisième génération de puces réseau, capables de rivaliser puis de dépasser celles de Qualcomm. Apple parie sur une intégration renforcée avec le processeur mobile, devant permettre, sur le papier, de limiter la consommation d’énergie et d’améliorer la connectivité.
Composant essentiel – Les puces réseau sont un élément primordial des smartphones, leur permettant de se connecter au réseau mobile. Et donc de téléphoner et de naviguer sur Internet. Leur conception est particulièrement complexe. Elles doivent notamment fonctionner avec la multitude de fréquences radio et d’équipements utilisés par les différents opérateurs. Et être capables de basculer instantanément entre la 3G, la 4G et la 5G. À ce petit jeu, Qualcomm est reconnu comme le meilleur. Et encore plus sur la 5G. Ses puces équipent donc la majorité des smartphones, dont les iPhone. À cause des retards de développement de son modem maison, Apple a été contraint de renouveler l’an passé son accord commercial avec le groupe de San Diego – dont le montant est estimé à plus de sept milliards de dollars par an. Celui-ci arrive à échéance fin 2026.
Conflit avec Qualcomm – Cela fait des années qu’Apple souhaite s’émanciper des puces réseau de Qualcomm, dénonçant des redevances jugées excessives et multipliant les procédures judiciaires à partir de 2017. Pour y parvenir, la société de Cupertino a d’abord parié sur Intel. Mais le fabricant de semi-conducteurs n’a pas été en mesure de concevoir une puce 5G à temps, obligeant Apple à abandonner, en 2019, les poursuites contre Qualcomm. Et à lui racheter des puces, afin de ne pas laisser le champ libre à Samsung dans la 5G. C’est à ce moment-là que ses dirigeants ont décidé de travailler sur leur propre puce réseau, rachetant la division 5G d’Intel pour un milliard de dollars et débauchant des responsables de Qualcomm. Depuis, le projet s’est notamment heurté à des problèmes de surchauffe et de consommation énergétique.
Pas que les puces 5G – Les efforts d’Apple s’inscrivent dans une stratégie d’internalisation lancée en 2010 avec la conception d’un processeur maison, basé sur l’infrastructure Arm, dont les évolutions équipent tous les iPhone et iPad. En 2020, la société a remplacé les microprocesseurs d’Intel dans ses ordinateurs Mac. Elle souhaite aussi concevoir ses propres puces Wifi et Bluetooth, actuellement produites par Broadcom. Cette évolution doit permettre à Apple d’innover à son rythme et dans les domaines jugés prioritaires, sans être dépendant des avancées technologiques de ses fournisseurs. Et ainsi de différencier encore plus ses produits de la concurrence, mettant régulièrement en avant ses gains de puissance ou d’autonomie. À terme, malgré de lourds investissements, le groupe peut aussi espérer réaliser des économies.
Pour aller plus loin:
– Pourquoi Apple veut s’émanciper de ses fournisseurs
– En difficultés, Intel aiguise l’appétit de Qualcomm