Par , publié le 10 décembre 2024

L’étau se resserre dangereusement autour de TikTok aux États-Unis. La semaine dernière, la justice a débouté la plateforme de courtes vidéos, qui contestait une loi lui imposant de vendre ses activités américaines, sous peine d’être bannie des boutiques d’applications. Les trois juges ont estimé que cette obligation se justifiait par des impératifs de sécurité nationale. Et donc qu’elle ne violait pas le premier amendement de la constitution, qui protège la liberté d’expression. TikTok promet de poursuivre le combat, probablement en saisissant la Cour suprême. La filiale du groupe chinois ByteDance a déjà demandé une injonction pour suspendre l’application du texte. En cas d’échec, son avenir aux États-Unis ne tiendrait alors plus qu’au bon vouloir de Donald Trump, qui s’est dit opposé à cette loi pendant sa campagne présidentielle.

Banni des app stores ? – Adoptée en avril après une habile manœuvre parlementaire, la législation demande à ByteDance de se séparer, au moins, de la branche américaine de TikTok avant le 19 janvier – avec la possibilité d’une rallonge de trois mois afin de finaliser des négociations en cours. Cette date n’a pas été choisie au hasard: elle correspond au dernier jour au pouvoir de l’administration Biden. Ce texte, qui fait suite à plusieurs tentatives ratées, a été soutenu par une majorité des élus démocrates et républicains. Ces derniers estiment que l’application représente un risque pour les États-Unis, permettant à Pékin de collecter massivement des données ou d’influencer l’opinion publique en donnant davantage de visibilité à certains contenus. Le gouvernement américain n’a cependant jamais rendu publique la moindre preuve concrète.

Quelle position de Trump ? – Pour sa défense, la société souligne que sa maison mère est majoritairement détenue par des investisseurs internationaux. Elle met également en avant son projet Texas, qui vise à stocker les données des utilisateurs américains aux États-Unis sur des serveurs d’Oracle. Mais celui-ci n’avance plus, bloqué par les doutes du département de la Justice et du FBI sur son efficacité réelle. Ces arguments seront répétés devant la Cour suprême, la plus haute juridiction du pays. Sans aucune garantie. Même chose avec Donald Trump. Certes, le futur président s’est prononcé contre une interdiction de TikTok, estimant que cela renforcerait Meta, qu’il considère comme le “véritable ennemi”. Certes, un de ses principaux donateurs est actionnaire de ByteDance. Mais rien ne garantit qu’il n’a pas changé d’avis.

Vente difficile – Cette incertitude est renforcée par la nomination au sein de sa future administration de personnalités opposées à TikTok. En outre, il est peu probable que Donald Trump puisse rassembler assez de votes au Congrès pour abroger le texte. Tout juste pourra-t-il demander au département de la Justice de ne pas l’appliquer, ouvrant la voie à des procédures judiciaires. Pour éviter une interdiction, la société pourrait donc être forcée d’envisager une vente de sa branche américaine. Voire de toutes ses activités, comme envisagé en 2020. Une cession apparaît difficile compte tenu du montant – potentiellement plus de 100 milliards de dollars. D’autant que les autorités de la concurrence bloqueront un rachat par un grand groupe technologique. Une introduction en Bourse serait plus facile à mener… mais pas dans les délais impartis.

Pour aller plus loin:
– Comment un milliardaire américain a sauvé TikTok
– ByteDance, la maison mère de TikTok, rattrape Meta


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