Par , publié le 12 décembre 2024

Après avoir englouti environ dix milliards de dollars dans Cruise, General Motors arrête les frais. Mardi, le grand constructeur automobile américain a officiellement renoncé à concevoir ses propres robots-taxis. Un projet sur lequel travaillait la start-up californienne qu’il avait rachetée en 2016 pour un milliard. Mais qui était quasiment au point mort depuis plus d’un an, suite à un grave accident dans les rues de San Francisco. GM justifie son choix par le “temps et les ressources considérables nécessaires” pour concevoir des véhicules autonomes. Et aussi par “un marché des robots-taxis de plus en plus concurrentiel”, entre l’avance prise par Waymo, la filiale de Google, et les grandes ambitions de Tesla. Le géant de Detroit n’a pas communiqué sur de potentiels licenciements, mais il table sur un milliard d’économies par an.

Un million de robots-taxis – Fondée en 2013, Cruise fait partie d’une génération de start-up lancées dans le sillage des premières Google Car. L’acquisition par GM lui permet de disposer d’importantes ressources pour embaucher massivement et financer sa R&D. La société est alors engagée dans une course de vitesse. D’abord, contre Waymo. Et ensuite contre le temps, alors que ses pertes s’accumulent. En 2022, elle commence à transporter des passagers dans ses véhicules sans la présence d’un opérateur pouvant reprendre le contrôle en cas d’urgence. Ses dirigeants sont alors très ambitieux. Ils projettent d’atteindre la barre du milliard de dollars de chiffre d’affaires en 2025. Puis, celle des 50 milliards en 2030, en déployant plus d’un million de véhicules pour remplacer Uber et les taxis. Des chiffres réaffirmés par la direction de GM.

Rapport accablant – Pour y parvenir, Cruise a conçu son propre robot-taxi, Origin, pensé spécifiquement pour le transport de passagers, sans volant ni pédale. Mais la société a négligé le plus important: la sécurité. En octobre 2023, une piétonne est ainsi traînée sur une vingtaine de mètres par l’une de ses voitures. Dans un rapport, un cabinet d’avocats se montre alors extrêmement critique avec l’ancienne direction, dont le fondateur Kyle Vogt, poussé à la démission dans la foulée. Cruise a “caché des éléments importants”, notent ses auteurs. Aux médias mais surtout aux autorités, leur envoyant même une vidéo montée. Le rapport pointe aussi “un leadership médiocre, des erreurs de jugement, un manque de coordination, une mentalité de confrontation avec les régulateurs et une incompréhension des obligations de transparence”.

Plus complexe que prévu – Reprise en main par GM, Cruise a tout changé, engageant un responsable de la sécurité et modifiant ses procédures de contrôle. Les signaux semblaient positifs. Au printemps, la société a relancé ses essais avec la présence d’un chauffeur derrière le volant. La reprise des tests en “autonomie supervisée” était espérée début 2025. Elle a aussi noué cet été un partenariat avec Uber pour déployer ses robots-taxis dans une ville américaine – un premier débouché commercial devant, enfin, générer du chiffre d’affaires. En juin, GM a même réinjecté 850 millions de dollars dans sa filiale. La fin de Cruise souligne à nouveau la complexité du développement d’un véhicule autonome, qui prend beaucoup plus de temps qu’anticipé. Ces dernières années, plusieurs acteurs ont dû jeter l’éponge, faute de progrès et d’argent.

Pour aller plus loin:
– Apple abandonne son projet de voiture électrique autonome
– Les voitures autonomes de Google rattrapées, à leur tour, par la patrouille


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