Par , publié le 9 janvier 2025

En mars dernier, Mark Zuckerberg et Meta avaient été érigés au rang de “véritables ennemis du peuple” par Donald Trump pour justifier son opposition à l’interdiction de TikTok. Moins d’un an plus tard, le fondateur de Facebook vient de parachever une spectaculaire soumission devant le futur locataire de la Maison blanche. Mardi, il a annoncé vouloir “restaurer la liberté d’expression” sur ses plateformes, reprenant l’une des lubies de celui qu’il courtise désormais ouvertement. Mais aussi d’Elon Musk, devenu une figure centrale de la vie politique américaine notamment suite à son rachat de Twitter, depuis rebaptisé X. Pour mener ce combat, qu’il qualifie de “point de bascule culturel”, Mark Zuckerberg a notamment décidé de sacrifier sur la place publique les fact-checkers, coupables d’être “trop orientés politiquement”.

Notes de la communauté – Ce revirement intervient huit ans après la mise en place d’un programme de lutte contre la désinformation, en partenariat avec de grands médias et des organisations spécialisées – Facebook expliquait alors ne pas vouloir être “l’arbitre de la vérité”. Celui-ci avait été lancé à contrecœur, après l’élection de Donald Trump, facilitée par la propagation de fausses actualités. Ces dernières années, le sujet ne semblait plus être une priorité. En septembre, Mark Zuckerberg avait d’ailleurs parlé d’une “erreur historique”. Aux États-Unis, dans un premier temps, les fact-checkers vont ainsi être remplacés par des notes de la communauté, rédigées par des utilisateurs. Le patron de Meta assure que ce système a fait ses preuves sur X. En réalité, il reste bien limité pour contrer la désinformation.

Alignement avec X – Mark Zuckerberg ne s’arrête pas là. Reprenant l’argumentaire développé par Elon Musk, il souhaite lever les restrictions autour de l’immigration et l’identité de genre, qu’il juge désormais “déconnectées du discours dominant”. Il promet aussi de concentrer la modération automatique uniquement sur les violations “les plus sévères” – qui n’incluent pas le racisme ou l’homophobie, pour lesquels une modération humaine ne sera réalisée qu’après signalement. En d’autres termes, Meta s’aligne sur les pratiques de X, érigé désormais en exemple, après avoir pourtant tenté de positionner son nouveau service Threads en alternative saine à une plateforme alors présentée comme nocive. Mark Zuckerberg reconnaît d’ailleurs que ces décisions se traduiront par une hausse des contenus néfastes. Mais c’est, selon lui, un mal nécessaire.

Pas en Europe – Cette annonce est l’aboutissement d’une longue opération de séduction de Donald Trump. Notamment avec la promotion début janvier de Joel Kaplan, un républicain grandement contesté en interne, au poste de responsable des affaires publiques. Mark Zuckerberg espère probablement que la nouvelle administration abandonne les poursuites contre Meta pour forcer la vente d’Instagram et de WhatsApp. Ou obtenir des décisions favorables sur l’immunité juridique des plateformes et sur le déploiement de l’IA . Contrairement à X, la société n’est pas menacée par un exode massif des annonceurs, en raison de sa taille. Ses changements ne seront pas déployés en Europe, où le DSA oblige les réseaux sociaux à renforcer leur modération. Une “censure institutionnalisée”, selon Mark Zuckerberg, qui demande l’aide de Donald Trump.

Pour aller plus loin:
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