Par , publié le 23 janvier 2025

Les comparaisons n’ont pas tardé. Annoncé mardi à la Maison Blanche, le projet Stargate a suscité des parallèles avec le projet Manhattan (bombe atomique) et le programme Apollo (astronautes sur la lune). Celui-ci vise à investir 500 milliards de dollars pour construire aux États-Unis d’immenses centres de données dédiés à l’intelligence artificielle générative. Contrairement à ses prédécesseurs, il ne sera pas financé par de l’argent public, mais par des fonds privés – dont l’origine reste incertaine. Le projet sera mené par une coentreprise, principalement détenue par OpenAI et Softbank. Le créateur de ChatGPT sera responsable de la partie opérationnelle. Le conglomérat japonais de la gestion financière. Oracle et le fonds émirati MGX complètent le capital. Nvidia, Microsoft et Arm sont annoncés comme partenaires technologiques.

20 data centers – Stargate est l’aboutissement de plusieurs mois de rumeurs sur les ambitions de Sam Altman. Le patron d’OpenAI le répète régulièrement: le développement d’une IA générale, c’est-à-dire capable d’apprendre seule, nécessitera des investissements colossaux, se chiffrant en milliers de milliards de dollars. L’an passé, il a ainsi discuté avec de nombreux partenaires potentiels. Pour le moment, sa société entraîne et fait tourner ses modèles exclusivement sur le cloud Azure de Microsoft. Mais elle estime ne pas disposer de suffisamment de puissance de calcul. À l’automne, le site The Information révélait ainsi qu’un accord avait été conclu avec Oracle pour utiliser un data centers en construction au Texas. Celui-ci sera le premier du projet Stargate. D’ici à 2029, la coentreprise ambitionne de construire une vingtaine de sites.

“Ils n’ont pas l’argent” – Les quatre partenaires assurent pouvoir déployer 100 milliards de dollars “immédiatement”. “Ils n’ont pas l’argent”, a immédiatement répliqué Elon Musk, désormais rival d’OpenAI. Une affirmation démentie par Sam Altman. Reste que le mystère demeure sur la capacité financière réelle de Stargate. Selon The Information, OpenAI et Softbank doivent contribuer à hauteur de 19 milliards de l’investissement initial. Si le groupe japonais dispose de cette somme, celle-ci représente presque toute sa trésorerie. La start-up américaine, elle, n’a levé que 22 milliards de dollars, dont une grande partie a déjà financé ses lourdes pertes. Par ailleurs, plus de la moitié de l’enveloppe de 100 milliards doit provenir d’investisseurs extérieurs et d’endettement. Mais aucune précision n’a été apportée.

Effet d’annonce – Et il ne s’agit là que de la première tranche d’investissements. Le projet prévoit d’investir 400 milliards de plus en seulement quatre ans… Une partie de cet argent pourrait provenir de grands investisseurs du Moyen-Orient, comme le géant émirati G42, avec lequel Sam Altman aurait déjà discuté. Ou alors le fonds souverain saoudien, qui a déjà financé le Vision Fund de Softbank. Mais les États-Unis viennent de présenter une réglementation visant à limiter l’accès de ces deux pays à l’IA. Accepteront-ils qu’ils financent un investissement aussi stratégique ? L’annonce de mardi ressemble ainsi plus à un effet d’annonce qu’à une véritable feuille de route. Une annonce qui s’apparente aussi à un coup politique pour s’attirer les bonnes grâces de Donald Trump, qui se retrouve associé à un projet lancé… depuis plusieurs mois.

Pour aller plus loin:
– Les États-Unis veulent transformer les puces d’IA en arme géopolitique
– Pourquoi l’IA pousse les géants du cloud à s’intéresser au nucléaire


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