Par , publié le 29 janvier 2025

C’est une promesse de campagne que Donald Trump promet de tenir “dans un futur proche”. Lundi, le président américain a réaffirmé sa volonté d’imposer des droits de douane sur “les puces d’ordinateurs et les semi-conducteurs”, évoquant “des taxes de 25%, 50% ou même 100%”. Objectif affiché: rapatrier une partie de la production aux États-Unis, aujourd’hui très majoritairement délocalisée dans les usines de TSMC à Taiwan et dans celles de Samsung en Corée du Sud. Au-delà des discours politiques, la mise en place de cette mesure reste cependant assez floue. La Maison Blanche ne communique pas sur le calendrier. Ni sur les modalités d’application. Une grande partie de ces puces ne sont en effet pas exportées directement sur le marché américain, elles sont expédiées en Asie vers des sites d’assemblage d’ordinateurs ou de smartphones.

Obstacles – Donald Trump n’est pas le premier à vouloir relancer la production de semi-conducteurs. Depuis une trentaine d’années, le déclin est spectaculaire. En 2022, seulement 12% des semi-conducteurs ont été fabriqués outre-Atlantique, contre 37% en 1990. Et la proportion est encore plus faible pour les composants les plus avancés. Comme les Européens, le pays a été supplanté par la montée en puissance des groupes asiatiques, en particulier de TSMC qui a popularisé le modèle fabless (sous-traitance). Et qui produit aujourd’hui les puces de Nvidia, Qualcomm ou encore Apple. Mais rapatrier la production vers les États-Unis se heurte à deux obstacles: la pénurie de travailleurs qualifiés sur ces chantiers très complexes, qui a contraint TSMC à repousser l’ouverture d’une usine dans l’Arizona, et des coûts de production plus élevés.

Subventions – La volonté de Donald Trump d’imposer des droits de douane marque une rupture majeure par rapport à la stratégie mise en place par l’administration Biden. Celle-ci misait sur le Chips Act: une enveloppe de 39 milliards de dollars pour subventionner la construction d’usines. Son objectif était de produire 20% des puces de pointe dans des usines américaines d’ici à 2030. Plusieurs projets ont bénéficié de ce programme. TSMC va ainsi recevoir 6,6 milliards. Intel va récupérer 8,5 milliards. Samsung va bénéficier d’une subvention de 6,4 milliards. Et Micron de 6,1 milliards. Des montants mirobolants présentés comme indispensables pour attirer ces grandes multinationales. “Elles ont déjà des milliards de dollars”, rétorque désormais Donald Trump, qui souhaite qu’elles construisent des usines “avec leur propre argent”.

Simplement une menace ? – A priori, ces subventions ne sont pas menacées. Mais il est peu probable que de nouvelles aides ne soient accordées au cours des quatre prochaines années. Pour rapatrier une partie de la production, le président américain parie donc sur l’une de ses armes préférées: les droits de douane – ou, au moins, la menace de droits de douane. Leur efficacité reste incertaine. Si seules les puces importées sont concernées, leur portée sera très limitée. Dans le cas contraire, Donald Trump devra justifier auprès de l’opinion publique la forte hausse des prix d’ordinateurs, de smartphones ou de consoles de jeux pendant toute la durée de son mandat – le temps nécessaire pour que des projets de nouvelles usines se concrétisent. De fait, ses déclarations pourraient simplement viser à obtenir des engagements de la part de TSMC

Pour aller plus loin:
– Les États-Unis multiplient les subventions pour relancer la production de puces
– L’Europe va investir 43 milliards d’euros dans les puces


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