Par , publié le 31 janvier 2025

Masayoshi Son n’attendait que cela. Lui qui avait été contraint de se faire plus discret après une série de paris désastreux, lui faisant rater la première vague d’investissement dans l’intelligence artificielle générative. Depuis dix jours, le revoilà désormais au centre de l’attention. Aux côtés de Donald Trump à la Maison Blanche, pour annoncer l’ambitieux projet Stargate – qui vise à investir 500 milliards de dollars en quatre ans pour bâtir d’immenses centres de données pour soutenir le développement d’OpenAI. En coulisses également, pour investir une somme colossale dans le créateur de ChatGPT. Selon le Financial Times, l’homme d’affaires japonais, via son groupe Softbank, serait prêt à injecter entre 15 et 25 milliards de dollars, ce qui lui permettrait d’en devenir le premier actionnaire, devant Microsoft.

140 milliards investis – À la tête de Softbank, petit magasin d’informatique devenu en 40 ans un gigantesque conglomérat, Masayoshi Son a toujours investi dans des start-up, pariant avant tout le monde sur Alibaba en 2000. En 2017, il avait franchi une étape supplémentaire en lançant le premier Vision Fund, avec le soutien de l’Arabie saoudite et des Émirats arabes unis. Puis, un second deux ans plus tard. Les deux fonds ont participé à plus de 450 levées, investissant plus de 140 milliards de dollars en quelques années. Mais ils ont aussi connu de véritables montagnes russes: des fiascos retentissants pour commencer, comme WeWork dans lequel Softbank a dilapidé 14 milliards de dollars, suivis de profits record puis d’une rechute vertigineuse. Celle-ci avait contraint le groupe japonais à réduire drastiquement ses investissements.

IA générative – Cette mise en retrait coïncidait avec l’euphorie autour des start-up d’IA génératives, dans le sillage de ChatGPT. Un comble, alors que Masayoshi Son évoque le tournant de l’intelligence artificielle depuis des années. À l’été 2023, l’homme d’affaires avait promis de repasser à l’offensive. “Nous voulons prendre la tête de la révolution de l’intelligence artificielle”, assurait-il alors. L’amélioration récente de la situation financière de Softbank lui permet désormais de se lancer. Au cours des derniers mois, le groupe a ainsi investi dans plusieurs acteurs de l’IA, comme la start-up franco-américaine Poolside. Surtout, il a injecté 500 millions de dollars dans le capital d’OpenAI. Avant d’offrir en novembre jusqu’à 1,5 milliard pour racheter des actions détenues par des employés de l’entreprise.

“Tapis” – Mais Masayoshi Son voit encore plus grand. Et semble prêt à “faire tapis” sur la vision de Sam Altman, le patron d’OpenAI, qui souhaite dépenser des centaines de milliards de dollars pour atteindre une IA générale, c’est-à-dire capable d’apprendre seule. Cela passe notamment par Stargate, une coentreprise majoritairement détenue par les deux groupes. Softbank en assurera la gestion financière. Et sera, au moins dans un premier temps, le premier pourvoyeur de fonds. Directement, pour un montant allant, selon les sources, de 15 à 19 milliards cette année. Mais aussi indirectement: une grande partie d’un potentiel investissement dans OpenAI sera affectée au projet de data centers. Si le conglomérat ne dispose pas d’autant de liquidités, il pourrait facilement en récupérer en cédant en partie sa participation dans Arm Holdings.

Pour aller plus loin:
OpenAI et Softbank promettent d’investir 500 milliards de dollars dans l’IA
– D’une valorisation record à la faillite: l’inéluctable chute de WeWork


No Comments Yet

Comments are closed

Contactez-nous  –  Politique de confidentialité