Par , publié le 31 janvier 2025

Pas question de changer de cap. Du moins, pas encore. Alors que les avancées du laboratoire chinois DeepSeek font vaciller les certitudes du secteur de l’intelligence artificielle générative, Mark Zuckerberg a réaffirmé mercredi son intention d’investir “massivement” dans son infrastructure informatique. “Cela va être un avantage stratégique à long terme”, a-t-il assuré en marge des résultats annuels de Meta. La maison mère de Facebook et d’Instagram anticipe ainsi des dépenses en capital comprises entre 60 et 65 milliards de dollars cette année, contre 39 milliards en 2024. Elle a notamment lancé la construction d’un immense data center en Louisiane. Et elle prévoit de “terminer l’année avec plus de 1,3 million de cartes graphiques”, explique son patron, qui souhaite aussi accroître “considérablement les équipes d’IA”.

“Modèle le plus avancé” – Mark Zuckerberg a déjà prouvé qu’il était prêt à dépenser massivement, mettant à profit sa très lucrative machine publicitaire, qui a permis à Meta d’engendrer 62 milliards de dollars de profits l’an dernier. Il l’a déjà fait pour prendre le virage vers le métaverse, ce monde virtuel qu’il considère comme la prochaine plateforme dominante. Dans l’IA, cela passe par des achats massifs de GPU pour entraîner son grand modèle de langage Llama, dont la quatrième génération, attendue cette année, doit être “le modèle plus avancé” du marché. Et aussi pour faire tourner son nouveau chatbot Meta AI, qui attire désormais, selon la société, 700 millions d’utilisateurs actifs par mois. Celui-ci est également au centre de sa stratégie dans les lunettes connectées – en attendant des montures de réalité augmentée.

Un nouveau paradigme ? – Comme les autres géants américains, Meta pourrait bientôt avoir à justifier son niveau d’investissement. Car le paradigme pourrait avoir changé. DeepSeek vient en effet de démontrer qu’il n’était pas nécessaire de disposer d’une immense puissance de calcul pour entraîner un modèle d’IA performant. “Il est encore trop tôt pour avoir une opinion définitive sur ce que cela implique pour notre trajectoire de dépenses en capital”, estime Mark Zuckerberg, qui assure que les infrastructures informatiques restent capitales. Un discours que reprendront probablement les patrons de ses rivaux. Et pour cause: depuis des mois, ils expliquent aux investisseurs qu’il faut énormément investir dans l’IA et que leur force de frappe financière leur permettra de dominer le marché. Il est donc beaucoup trop tôt pour se contredire.

Monétisation – S’il ne souhaite pas encore changer sa feuille de route, Mark Zuckerberg explique que Meta va chercher à intégrer les avancées de DeepSeek dans l’entraînement des modèles. La prochaine étape sera de prouver que l’IA peut représenter un relais de croissance. Le milliardaire assure que les opportunités de monétisation sont “énormes”. Au printemps, il avait évoqué trois pistes. D’abord, l’ajout de publicités dans les interactions entre les utilisateurs et Meta AI. Ensuite, un abonnement payant permettant d’accéder à des modèles plus puissants et des options. Enfin, des fonctionnalités de messagerie destinées aux entreprises qui souhaitent utiliser un chatbot alimenté par Llama pour discuter avec leurs clients sur WhatsApp, Messenger ou Instagram. “C’est clairement l’opportunité la plus grande”, soulignait le patron de Meta.

Pour aller plus loin:
– Meta soutient Elon Musk dans sa bataille juridique contre OpenAI
– DeepSeek, symbole d’un échec du modèle américain dans l’IA


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