Par , publié le 5 février 2025

Aux premiers abords, c’est une affaire qui ne concerne pas Apple. Le groupe à la pomme pourrait pourtant perdre très gros en avril lorsque la justice américaine doit décider des remèdes que devra mettre en place Google après sa condamnation pour abus de position dominante dans la recherche en ligne. Mais il ne pourra très probablement pas défendre ses intérêts. La semaine dernière, le juge chargé du dossier a en effet estimé qu’il ne pourra pas participer aux audiences prévues au printemps. D’une part, parce qu’il a beaucoup trop tardé à se manifester. D’autre part, parce qu’il n’a pas démontré que les preuves qu’il pourrait présenter apporteraient de nouveaux éléments. Lundi, le même juge a également refusé de suspendre l’affaire le temps que l’appel interjeté par Apple sur sa première décision ne soit examiné.

Accords commerciaux – En août dernier, au terme d’une procédure lancée en 2020, Google avait été reconnu coupable de pratiques anticoncurrentielles, lui ayant permis de maintenir illégalement son quasi-monopole dans la recherche en ligne – près de 90% du marché aux États-Unis. Plusieurs dispositifs étaient visés, dont les multiples accords commerciaux pour s’assurer d’être le moteur par défaut des concurrents de son navigateur Chrome. Ces partenariats signés notamment avec Apple, Firefox et Samsung, lui permettent de bénéficier d’importants avantages de distribution, empêchant ses rivaux d’atteindre la taille critique nécessaire pour pouvoir être véritablement compétitifs. Fin 2023, le département de la Justice a donc demandé de les interdire pour une période de dix ans. Google propose, lui, de renoncer à des clauses d’exclusivité.

Moteur sur Safari – L’accord conclu entre Google et Apple est, de très loin, le plus important. Celui-ci permet au premier d’être le moteur par défaut sur Safari, le navigateur Internet du second, utilisé par la majorité des possesseurs d’iPhone, d’iPad et de Mac. En échange, le groupe de Cupertino perçoit un pourcentage des recettes générées par les recherches sur Safari – mais aussi sur le navigateur Chrome. Noué pour la première fois en 2005, ce partenariat est devenu de plus en plus stratégique pour la société, alors que les terminaux à la pomme ont gagné en popularité. Il lui a permis d’éviter qu’un autre acteur ne capte ces recherches – à six reprises, Microsoft a d’ailleurs tenté de prendre sa place pour tenter de doper les parts de marché de Bing. Et aussi d’éviter qu’Apple ne lance un moteur de recherche concurrent.

20% des profits d’Apple – L’accord actuel court jusqu’en 2028, avec une option pour le prolonger de trois ans. La somme versée par Google a longtemps été gardée secrète, mais Apple a reconnu au cours du procès avoir touché 20 milliards de dollars en 2022. Cela représentait 20% de ses profits annuels. Si le juge interdit les pactes commerciaux, la firme de Cupertino aura bien du mal à générer une somme équivalente. Aucun moteur ne pourrait en effet garantir un tel montant. Pas même Bing de Microsoft, dont la plateforme publicitaire est moins performante. En outre, lancer un moteur maison s’annonce complexe et risqué – un projet avait été initié en 2018 avant d’être abandonné. Et serait moins lucratif, au moins à court terme. Dans les deux cas, une grande partie des utilisateurs rebasculera immédiatement sur Google, sans aucune commission pour Apple.

Pour aller plus loin:
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– Au Royaume-Uni, Apple affronte une première class action à haut risque


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