C’est un nouveau front qui pourrait s’ouvrir pour Apple, déjà engagé dans de nombreuses batailles pour préserver les commissions qu’ils prélèvent sur les applications mobiles. Selon l’agence Bloomberg, les autorités chinoises mènent des investigations préliminaires sur ce sujet explosif, au cœur de fortes tensions entre le groupe à la pomme et Tencent, la maison mère de WeChat, et ByteDance, celle de TikTok. Si cette enquête a été ouverte il y a plusieurs mois, le fait qu’elle fuite désormais dans la presse n’est probablement pas qu’une coïncidence. Mardi, les États-Unis ont en effet imposé des droits de douane additionnels sur les produits fabriqués en Chine. Dans la foulée, le gendarme chinois de la concurrence a ouvert une enquête antitrust contre Google. Selon le Financial Times, il pourrait aussi poursuivre Intel.
Bienveillance – En Chine, Apple a longtemps fait office d’exception. Contrairement aux autres géants technologiques américains, le groupe de Cupertino n’a que très rarement été inquiété. La bienveillance de Pékin s’expliquait par le poids que représente la société dans le pays, où ses sous-traitants emploient des millions de personnes. L’assemblage des iPhone dans les usines locales est ainsi vu comme un symbole de la puissance de l’industrie chinoise, la seule capable de répondre aux besoins de production. Mais la situation a commencé à changer à l’automne 2023, quand plusieurs administrations et entreprises publiques ont banni l’iPhone. Apple semble ainsi avoir été rattrapé par l’escalade des sanctions américaines contre la Chine. Et peut-être par sa volonté de relocaliser une partie croissante de sa production dans d’autres pays.
Conflit avec Tencent – Les commissions d’Apple sont déjà remises en cause dans plusieurs pays. De nombreux développeurs dénoncent leur niveau élevé: 15% ou 30% sur la vente d’une application payante et sur les achats in-app ou les abonnements. Cette pratique s’accompagne de plusieurs restrictions, comme l’obligation d’utiliser le système de paiement du groupe ou l’impossibilité de télécharger une application sans passer par son App Store. En Chine, Apple a déjà été poursuivi en justice par des développeurs, mais sans être condamné. Il est aussi en conflit avec Tencent, qui refuse d’interdire les liens renvoyant vers des plateformes de paiement externes au sein des “mini-apps” présentes sur WeChat. Conscient du caractère explosif, Apple cherche à négocier plutôt que de retirer la très populaire application de messagerie de sa boutique.
Déjà en difficultés – Si la menace reste encore incertaine, une enquête lancée par le gendarme chinois de la concurrence, la puissante SAMR, ne ferait que renforcer les difficultés d’Apple en Chine. L’entreprise y subit la résurrection de Huawei. Et doit affronter la concurrence féroce des autres marques chinoises, comme Vivo, Xiaomi et Honor. Conséquence: son chiffre d’affaires dans le pays a chuté de 11% au quatrième trimestre 2024. Le danger est d’autant plus grand qu’elle n’aura peu de voies de recours si les autorités lui ordonnent d’abaisser le niveau de ses commissions. Ou, pire encore, si elles décident d’autoriser les boutiques tierces d’applications. En Europe, elle a répondu en imposant de nouvelles commissions, dans l’attente d’une éventuelle amende. Il n’est pas certain qu’Apple ose tenter un tel subterfuge avec Pékin.
Pour aller plus loin:
– Au Royaume-Uni, Apple affronte une première class action à haut risque
– Apple, premier géant du numérique sanctionné dans le cadre du DMA ?