Par , publié le 4 mars 2025

Dix ans après son lancement, Alexa rêve d’une seconde jeunesse. La semaine dernière, Amazon a dévoilé une version survitaminée de son assistant vocal, dopée à l’intelligence artificielle générative. “Notre vision a toujours été ambitieuse, mais jusqu’à maintenant nous avons été limités par la technologie”, assure Panos Panay, l’ancien chef des produits de Microsoft, recruté à l’automne 2023 par le géant du commerce en ligne. Baptisé Alexa+, le service profite en effet des progrès spectaculaires réalisés ces dernières années dans le sillage de ChatGPT. Il est désormais capable de discuter en langage naturel. Et de répondre à des requêtes beaucoup plus complexes ou de retenir des informations personnelles. Il peut aussi se connecter à des “dizaines de milliers” de services. Lancé d’abord aux États-Unis, celui-ci sera payant – au moins sur le papier.

Enceintes connectées – Voilà près de quinze ans que le groupe de Seattle travaille sur les assistants vocaux. À l’époque, il cherche la réponse à Siri, tout juste ajouté à l’iPhone d’Apple. Alexa est lancé fin 2014, se distinguant par son activation vocale. Le service est intégré à une nouvelle catégorie de produits, les enceintes connectées Echo. Longtemps seules sur ce marché, celles-ci rencontrent alors un joli succès commercial. Elles profitent de la vitrine du site marchand d’Amazon. Et aussi de leur prix attractif: elles sont vendues à prix coûtant avec l’objectif d’augmenter la base d’utilisateurs pour la monétiser d’une autre manière. La société voit alors très grand. La division chargée du projet compte jusqu’à 10.000 employés. Alexa est aussi mis à toutes les sauces: dans les horloges, les ampoules et même les fours micro-ondes.

Un an de retard – Les assistants vocaux ont cependant rapidement montré leurs limites, faute d’amélioration majeure. Et l’essor de l’IA générative les a complètement ringardisés. En septembre 2023, Amazon avait ainsi promis une version améliorée d’Alexa. Mais ses ingénieurs ont rencontré plus de difficultés que prévu pour atteindre des temps de réponse convenables et réduire les hallucinations. Selon l’agence Bloomberg, le lancement était initialement prévu début 2024. Pour répondre aux requêtes, Alexa+ s’appuie sur plusieurs modèles de langage, en particulier Claude d’Anthropic, la start-up dans laquelle la société a investi huit milliards de dollars. Face à ChatGPT et autres services d’IA, Amazon mise sur les 600 millions d’appareils compatibles avec Alexa déjà vendus. Une application mobile et un site Internet vont aussi être lancés.

Abonnement Prime – En ajoutant de l’IA générative, le groupe espère enfin rentabiliser ses importants investissements. Sur le papier, Alexa+ est proposé à 20 dollars par mois – soit le tarif de ChatGPT Plus. Dans les faits, personne ne devrait payer ce prix: le service est en effet intégré à l’abonnement Prime, commercialisé à 15 dollars par mois ou 139 dollars par an. Mais Amazon peut espérer convaincre des utilisateurs d’Echo de souscrire à son offre. Et ainsi augmenter ses ventes car les clients Prime, qui bénéficient notamment de la livraison gratuite en un ou deux jours, achètent davantage que les autres. Il ne serait par ailleurs pas étonnant que la société utilise Alexa+ pour justifier de prochaines hausses de prix de son abonnement. Autre source potentielle de monétisation: des commissions facturées aux services partenaires.

Pour aller plus loin:
– Après le flop de l’AI Pin, la start-up Humane est rachetée par HP
– Grâce à l’IA, les lunettes connectées deviennent tendance


No Comments Yet

Comments are closed

Contactez-nous  –  Politique de confidentialité