Par , publié le 6 mars 2025

TSMC espérait certainement s’attirer les bonnes grâces de Donald Trump. Mardi, le géant taïwanais a officialisé à la Maison Blanche un plan d’investissement de 100 milliards de dollars en quatre ans aux États-Unis, notamment pour construire trois méga usines de fabrication de semi-conducteurs. Pourtant, assurent des sources citées par Wired, l’administration américaine n’écarte toujours pas d’imposer d’importants droits de douane. Non seulement sur les puces que le groupe fabrique à Taïwan, mais aussi sur tous les produits électroniques qui les utilisent – des smartphones ou GPU dédiés à l’intelligence artificielle. L’objectif est toujours le même: rapatrier une partie de la production des composants les plus avancés. Contrairement à son prédécesseur, le président américain ne mise pas sur des subventions publiques, mais sur le rapport de force.

Investissements massifs – Créé en 1987, TSMC est devenu le premier fondeur mondial, représentant plus de la moitié de la production “fabless”, c’est-à-dire sous-traitée. Sa part de marché dépasse même les 90% pour les dernières générations de puces. Apple, Nvidia, Qualcomm et même Intel font partie de ses clients. L’an passé, son chiffre d’affaires s’est rapproché des 90 milliards de dollars. Pour faire face à l’explosion de la demande, la société taïwanaise a lancé des d’investissements massifs. Objectif: augmenter ses capacités de production, mais aussi financer sa recherche et développement pour conserver son avance technologique dans les procédés de gravure les plus avancés. Elle s’était déjà engagée à investir 65 milliards dans la construction de deux usines dans l’Arizona – recevant à cette occasion d’importantes subventions.

Pas les puces les plus avancées – Cette fois-ci, TSMC ne devrait pas recevoir d’argent public. Ses dirigeants n’ont pourtant cessé de répéter que ces aides étaient indispensables pour compenser des coûts de production plus élevés que dans ses “gigafab” taïwanaises. Ils semblent désormais prêts à accepter des marges inférieures dans l’espoir d’éviter des droits de douane. Le groupe a fourni peu de détails sur ses projets aux États-Unis. Mais le gouvernement taïwanais a déjà indiqué que les usines américaines n’auront pas accès aux finesses de gravure les plus avancées – un enjeu aussi bien économique que géopolitique pour un pays qui redoute toujours une invasion par la Chine. Par ailleurs, TSMC assure que ces investissements additionnels ne changent pas ses projets d’expansion de la production dans d’autres pays, notamment au Japon et en Allemagne.

Casse-tête administratif – Derrière les menaces de Donald Trump, l’instauration de droits de douane – pouvant aller jusqu’à 100% – pourrait être particulièrement complexe. Pour être efficaces, ceux-ci ne peuvent pas s’appliquer uniquement sur les semi-conducteurs, qui ne sont pas exportés directement sur le marché américain mais qui sont expédiés vers des sites d’assemblage en Asie. Ils doivent aussi concerner les produits finis. Dans ce cas de figure, cela pourrait être un casse-tête administratif en raison du nombre élevé de composants. Par ailleurs, le président américain devra justifier auprès de l’opinion publique une hausse des prix d’ordinateurs, de smartphones ou de consoles de jeux pendant toute la durée de son mandat. Enfin, l’efficacité des droits de douane reste très incertaine, notamment à cause de la pénurie de travailleurs qualifiés.

Pour aller plus loin:
– Les États-Unis promettent d’imposer des droits de douane sur les puces
– La production pour TSMC, la conception pour Broadcom: vers un démantèlement d’Intel ?


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