Par , publié le 11 mars 2025

“L’outil IA le plus impressionnant que j’ai jamais essayé”. Victor Mustar, responsable produit de la bibliothèque de modèles Hugging Face, s’est joint ce week-end au concert de louanges envers Manus AI. Dévoilé la semaine dernière dans une courte vidéo, il ne s’agit pas d’un simple chatbot. Mais d’un véritable agent d’intelligence artificielle générative, capable, sur le papier, de planifier et d’exécuter des tâches complexes sans supervision humaine. Une première alors que le secteur commence, à peine, à basculer dans cette direction. Les plus enthousiastes n’hésitent pas à évoquer un deuxième “moment DeepSeek”, en référence à la start-up chinoise éponyme qui a bousculé les certitudes fin janvier en concevant un modèle très performant sans utiliser d’importantes ressources informatiques. D’autres y voient même une étape encore plus importante.

Ambitions internationales – Comme DeepSeek, Manus a été développé en Chine, illustrant la force de l’écosystème local malgré les sévères restrictions imposées par Washington sur les exportations de GPU dédiés à l’IA. Officiellement, son concepteur s’appelle Butterfly Effect. Sur son site Internet, celui-ci explique être basé à Singapour. Dans les faits, il s’agit d’une entité légale cachant une start-up chinoise appelée Monica. Cette petite dissimulation s’explique par une volonté de conquérir les marchés internationaux, une ambition affichée l’an passé par son fondateur Xiao Hong. En témoigne un site déjà traduit dans dix langues. Et une vidéo de présentation “à l’américaine” entièrement en anglais. Selon la presse chinoise, ses dirigeants ont repoussé début 2024 une offre de rachat de 30 millions de dollars émise par ByteDance, la maison mère de TikTok.

“Prochain paradigme” – Manus prend la forme d’un chatbot pouvant remplir automatiquement plusieurs tâches différentes pour répondre à une requête. L’utilisateur n’a ainsi plus besoin de guider l’IA, en lui demandant de les réaliser une par une. Dans un exemple, l’outil recherche un appartement dans un quartier de New York correspondant à plusieurs critères (criminalité, proximité d’un collège…). Dans un autre, il analyse quinze CV pour classer les candidats selon différents critères. Manus est “le prochain paradigme de la collaboration entre l’homme et la machine”, prédit déjà Yichao Ji, responsable de la recherche sur le projet. La start-up revendique de meilleures performances que la fonctionnalité Deep Research lancée en février par OpenAI. Mais les premiers retours des utilisateurs ayant pu accéder à la version bêta sont plus mitigés.

Agents multiples – Manus ne se distingue pas par ses modèles d’IA. Et pour cause: l’outil utilise des modèles externes, comme Claude, conçu par la start-up américaine Anthropic, et Qwen, développé par le géant chinois Alibaba. Son innovation réside dans un système d’agents multiples, capable de découper une requête en plusieurs tâches réparties entre différentes IA spécialisées. Cette avancée constitue une première étape vers le développement d’une IA agentique, promise ces derniers mois par les géants du secteur alors que les chatbots peinent encore à s’imposer dans les entreprises. Ces agents seraient capables d’automatiser certaines tâches complexes sans intervention humaine. Ils sont considérés comme un immense débouché commercial. À tel point qu’OpenAI envisage, selon The Information, des prix compris entre 2.000 et 20.000 dollars par mois.

Pour aller plus loin:
– DeepSeek, la start-up chinoise qui rebat les cartes de l’IA
– Les États-Unis soupçonnent DeepSeek d’importer illégalement des puces d’IA


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