Neuf mois après sa présentation, le nouveau Siri, dopé à l’intelligence artificielle générative, n’est toujours pas disponible. Son lancement vient même d’être reporté par Apple. Le développement a pris “plus longtemps que nous le pensions”, a reconnu la semaine dernière le groupe de Cupertino, qui évoque désormais un déploiement “au cours de l’année à venir” – sans plus de précision. Si aucune date de sortie n’avait été communiquée, la version enrichie de Siri était initialement attendue en avril. Elle n’arrivera probablement pas avant la prochaine version du système iOS, prévue à l’automne avec les prochains iPhone. Peut-être même pas avant une mise à jour début 2026, alors que la société pourrait décider de repartir de zéro, rapporte l’agence Bloomberg. Les fonctionnalités les plus avancées ne seraient alors pas lancées avant 2027.
Seconde jeunesse – La refonte de Siri doit être au cœur d’Apple Intelligence, de nouvelles fonctionnalités devant faire entrer les appareils à la pomme dans l’ère de l’IA générative. Seulement une partie d’entre elles ont été lancées dans quelques pays. Et elles le seront le mois prochain en Europe. Alimenté par un grand modèle de langage, le pionnier des assistants vocaux, très vite ringardisé faute d’amélioration notable depuis ses débuts en 2011, doit s’offrir une seconde jeunesse. Il doit être capable d’analyser ce qui est affiché sur l’écran et de réaliser des actions sur d’autres applications. Ou encore de trouver des informations pertinentes directement dans un SMS ou un e-mail. Ces nouvelles possibilités ont largement été mises en avant par Apple, notamment dans ses campagnes publicitaires. Problème: elles n’ont en réalité jamais existé.
Propre modèle – Derrière les démonstrations, rien n’était en effet opérationnel. Et depuis des mois, les ingénieurs d’Apple ont bien du mal à concrétiser ses belles promesses. En interne, les progrès n’ont pas convaincu, rapporte Bloomberg. Ces difficultés persistantes illustrent l’immense retard de la société, prise de court par le succès de ChatGPT. Elles posent aussi la question sur la pertinence de sa stratégie. Au lieu de s’associer avec OpenAI ou Google, Apple a en effet choisi de développer son propre modèle de langage. Cela devait lui permettre de mieux contrôler l’expérience utilisateur et d’éviter de rémunérer un partenaire. Mais cela réclame aussi beaucoup plus d’expertise. En outre, Apple a souhaité que le nouveau Siri puisse tourner en local, sans passer par le cloud, limitant ainsi la puissance de calcul à sa disposition.
Pas de super-cycle – La direction prise par Apple diverge de celles de ses rivaux. Pour déployer rapidement de l’IA générative sur ses smartphones, Samsung se repose principalement sur Google, dont les équipes de recherche travaillent depuis des années dans le domaine. Pour lancer la version survitaminée de son assistant vocal Alexa, Amazon s’appuie grandement sur les modèles de la start-up Anthropic, lancée par des anciens d’OpenAI. Le risque pour la marque est de ne jamais rattraper son retard, alors que les autres acteurs avancent toujours à un rythme élevé. Et ainsi de ne pas pouvoir offrir les fonctionnalités d’IA les plus avancées à ses clients. Non seulement, cela pourrait signifier que le super-cycle de remplacement anticipé par certains analystes ne se matérialisera pas. Mais aussi que la position concurrentielle d’Apple sera affaiblie.
Pour aller plus loin:
– Pourquoi les ventes d’iPhone continuent de baisser
– Apple s’associe avec Alibaba pour lancer ses fonctionnalités d’IA en Chine