OpenAI n’a pas perdu de temps. Deux mois après avoir mis fin à la clause d’exclusivité qui le liait à Microsoft, le concepteur de ChatGPT a signé un partenariat commercial avec CoreWeave. D’un montant de 11,9 milliards de dollars sur cinq ans, celui-ci va lui permettre d’entraîner et de faire tourner ses modèles d’intelligence artificielle générative sur cette plateforme de cloud spécialement dédiée à ces tâches. Son principal client était jusqu’à présent… Microsoft, qui faisait appel à ses services pour trouver des capacités de calcul supplémentaires, notamment au profit… d’OpenAI. Cette annonce symbolise les énormes besoins de puissance informatique de cette derniere, lancée dans une course au gigantisme. Elle montre aussi que la réussite de son ambitieuse feuille de route dépend de moins en moins de son partenaire historique.
Cloud exclusif – Les relations avec Microsoft remontent à 2019. Quatre ans après son lancement, OpenAI a alors besoin de liquidités pour poursuivre ses travaux. Le groupe de Redmond injecte d’abord un milliard de dollars, dont une partie en crédit cloud. Au fil des ans, son investissement monte à environ 13 milliards. En contrepartie, la start-up dirigée par Sam Altman accepte de n’utiliser que les serveurs d’Azure, la plateforme de cloud de son principal actionnaire. Elle lui octroie aussi la distribution exclusive de l’ensemble de ses modèles dans le cloud. Et la majorité de ses profits jusqu’à un certain montant. Ces derniers mois, les relations entre les deux partenaires sont devenues plus compliquées. OpenAI reprochait notamment à Microsoft de ne pas lui fournir les ressources informatiques nécessaires pour entraîner ses nouveaux modèles.
500 milliards – Face à cette limite, OpenAI avait obtenu cet été l’autorisation de Microsoft pour signer un contrat avec Oracle, prévoyant la construction d’un data center destiné à ses modèles. Le chantier a déjà débuté au Texas. L’ouverture est attendue avant la fin de l’année. Cet accord a débouché début janvier sur un projet encore plus démesuré. Baptisé Stargate et annoncé en grande pompe à la Maison Blanche, celui-ci vise à investir 500 milliards de dollars en quatre ans pour construire aux États-Unis une vingtaine de centres de données géants destinés aux prochains modèles de l’entreprise. Une étape essentielle, assure Sam Altman, pour concevoir une IA générale, c’est-à-dire capable d’apprendre seule. Des doutes subsistent cependant sur le financement de ce projet – et encore plus après les récentes avancées de la start-up chinoise DeepSeek.
Renégociation – La fin de la relation d’exclusivité avec Microsoft a été précipitée par les doutes des dirigeants du concepteur de Windows, qui avaient peu apprécié la tentative d’éviction de Sam Altman. Et qui s’inquiétaient d’une dépendance jugée dangereuse, alors même qu’OpenAI commençait à commercialiser lui-même ses outils auprès des entreprises. Fin 2023, ils refusent ainsi d’injecter des milliards de dollars supplémentaires dans le spécialiste de l’IA, l’obligeant à aller chercher de l’argent auprès d’autres investisseurs. Dans le cadre de cette levée de fonds, OpenAI s’est engagé à changer de statut juridique, afin de pouvoir redistribuer librement ses profits. Cette transition représente une source de tension supplémentaire avec Microsoft. Elle nécessite en effet que les deux partenaires renégocient les termes de leur accord initial.
Pour aller plus loin:
– Comment OpenAI s’adapte aux avancées de DeepSeek
– Pour contrarier Sam Altman, Elon Musk propose de racheter (en partie) OpenAI